Annales des Mines (1885, série 8, volume 8) [Image 114]

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NOTE SUR L'EXPLOSION D'UN PISTON CREUX A MONTLUÇON (ALLIER)

dans les expériences de laboratoire; car on a en présence, pendant un grand nombre d'années, des corps

matières oxydantes dans le piston ; l'hypothèse la plus simple et la plus vraisemblable consiste à supposer que l'eau a joué ce rôle : 184 grammes d'eau auraient suffi pour produire la quantité d'oxyde trouvée. Les analyses indiquent que la matière examinée contenait au moins 23 grammes de matière grasse, quantité relativement considérable et qui ne peut être attribuée à l'excès d'huile employée pour la mise en place des tampons taraudés : il faut donc encore nécessairement admettre que cette matière grasse s'est introduite ultérieurement, en même temps que l'eau qui a causé l'oxydation de la fonte. Les considérations précédentes conduiraient à expliquer le phénomène de la manière suivante : il y aurait introduction à l'intérieur du piston d'une certaine quan-

soumis à des variations de températures assez considérables : tantôt à celle de la vapeur d'eau, c'est-à-dire à environ 1600, quand la machine est en marche, tantôt à la température ordinaire, quand celle-ci est au repos. Pour jeter quelque jour sur cette question, M. Forquenot a bien voulu faire ouvrir le piston d'une machine fixe en service depuis onze ans : on y a trouvé, à l'état

de grains et de poussière, une matière brune dont le poids total était de 792 grammes et le volume de 445 centimètres cubes. Une analyse de cette substance, faite au laboratoire du Bureau d'essai de l'École des mines, a donné les résul-

tats suivants Matière grasse Fer oxydulé.

Peroxyde de fer Carbone

,

3,30 84,80

traces 0,60

Une autre analyse, faite dans le laboratoire de la Compagnie d'Orléans, a donné des résultats un peu diffé-

il

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peuvent être assez différentes de celles qui sont obtenues

rents : la proportion trouvée pour le carbone et les matières grasses était notablement plus élevée que dans la précédente : ces différences peuvent s'expliquer par le défaut d'homogénéité de la matière examinée. La surface intérieure du piston montre des corrosions très irrégulières : l'oxyde de fer magnétique provient donc d'une oxydation de la fonte. La quantité d'oxyde magnétique recueillie correspond à 164 grammes d'oxygène, et l'air renfermé à l'intérieur du piston, dont le volume est inférieur à trois litres, n'a pu en fournir même un gramme. 11 faut donc nécessairement admettre l'introduction de

tité d'eau et de matière grasse; dans les conditions ordinaires de service du piston, cette eau serait décomposée par la fonte et donnerait naissance à de l'oxyde magnétique ; en même temps, l'hydrogène mis en liberté remplirait sous pression le vide intérieur du piston. En chauffant le piston et en l'amenant à la température de 5 à 600° un phénomène inverse se produirait, identique à celui qui est réalisé dans les laboratoires, lorsque l'on obtient du fer métallique à la température du rouge naissant, en réduisant de l'oxyde de fer par de l'hydrogène. La combinaison de l'hydrogène et de l'oxygène de l'oxyde de fer aurait probablement lieu subitement, en produisant une véritable explosion qui déterminerait la rupture du piston. Pour démontrer d'une manière irréfutable l'exactitude de cette explication, il faudrait faire l'analyse du gaz renfermé dans le vide intérieur d'un piston creux, analyse qui n'a pas été faite. Quelle que soit d'ailleurs la cause des explosions, la précaution à prendre pour les éviter est bien simple : Tome VIII, 1883.

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