Annales des Mines (1885, série 8, volume 7) [Image 244]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

en Angleterre, provoquée en 1860, par la Commission des traités de commerce.

Le compte rendu de cette mission, publié dans les Annales des mines, qui reste aujourd'hui encore un des ouvrages classiques de la sidérurgie, donna immédiatement une grande notoriété au nom de Lan comme ingénieur métallurgiste. C'est aussi lorsqu'il était professeur à St-Étienne qu'il avait fait tout d'abord son étude des gîtes de la Lozère et qu'il accomplit plus tard en Espagne l'importante mission industrielle, qui mit en pleine lumière l'alliance de sa capacité technique bien connue et de ses rares aptitudes en fait de gestion industrielle ; cette alliance trouva la plus éclatante manifestation dans la direction générale des usines de Châtillon et de Commentry, à laquelle il eut, en obtenant un congé de l'administration, la liberté de se consacrer complètement. L'entreprise était alors dans des conditions difficiles; il sut, après l'avoir promptement tirée de cette situation, lui faire acquérir la place importante qu'elle occupe dans la métallurgie française. Heureusement pour nous, Lan ne devait pas rester indéfiniment éloigné des services du Corps des mines ; en 1872, il vint naturellement, je dirai presque de plein droit, à la demande du Conseil de 1' É mie des mines de Paris, occuper la chaire de métallurgie, lorsque Gruner la quitta pour prendre la vice - présidence du Conseil général des mines ; Lan réalisait ainsi, à vingt ans de distance, les espérances de son premier maître. A partir de cette époque, et quoiqu'il ne put refuser ses conseils

aux entreprises industrielles à la création desquelles il avait été associé , son cours devint l' oeuvre capitale de sa vie. L'étude des grandes transformations qui ont marqué les progrès de la métallurgie du fer dans ces dernières

DE M. CH. LAN.

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années, avait déjà été introduite dans l'enseigneinent par Gruner : Lan put suivre la voie tracée par son prédécesseur sans se départir d'une réserve prudente à l'égard des innovations qui n'ont pas encore reçu leur entière consécration par la pratique de l'industrie, réserve qu'il tenait de Le Play et qui a toujours été une des caractéristiques de son enseignement. Il contrôlait d'ailleurs incessamment ces méthodes

nouvelles dans les usines, qu'il a toujours su maintenir par ses conseils, à la hauteur de toutes leurs rivales tant en France qu'à l'étranger. Si les métaux autres que le fer ne jouent malheureusement pas un rôle considérable dans les richesses minérales de la France, il n'en est pas moins nécessaire de mettre nos élèves en mesure de prendre part à tous les développements de leur production dans les régions plus particulièrement favorisées des parties du globe nouvellement explorées. Lan, sans se laisser dominer par la préoccupation de la spécialité du fer, où il était passé maître, tenait donc soigneusement son enseignement au courant de tous les progrès réalisés dans les traitements de ces métaux.

En dehors de l'enseignement métallurgique, l'École tirait encore grand parti de ses lumières pour toutes les questions d'organisation ou de fonctionnement débattues au Conseil, où ses avis avaient toujours un grand poids. Les rôles qu'il fut appelé à jouer, dans l'administration des chemins de fer de l'État, dans diverses commissions administratives et dans les jurys des expositions, où il fit de remarquables rapports, ne diminuèrent jamais l'activité de son concours à tous nos travaux. Aussi tant de services rendus le firent - ils appeler à

succéder à M. Daubrée dans la direction de l'École, direction qu'il prit fort à coeur. L'un des traits les plus saillants du caractère de Lan