Annales des Mines (1885, série 8, volume 7) [Image 104]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

178

NOTE SUR UN ACCIDENT

SURVENU DANS LES MINES DE MOLIÈRES (GARD). 179

le courant d'air et vint atteindre le manoeuvre Jalès qui se trouvait à 3 mètres environ à droite de son chef de

chantier. Cet ouvrier fut très légèrement brûlé, car il NOTE SUR UN ACCIDENT SURVENU LE 15 MAI 1884

DANS LES MINES DE MOLIÈRES (CONCESSION HOUILLÈRE DE ROBIAC ET IHEYRANNES , GARD)

Par M. DE CASTELNAU , ingénieur des mines.

Le 15 mai 1884, le manoeuvre Jalès a été très légèrement brûlé par une flambée de grisou qui s'est produite dans les mines de Molières, de la compagnie houillère de Bessèges (Gard), dans des circonstances qui présentent un certain intérêt. Cet ouvrier travaillait, avec son chef de

chantier Salles, dans une taille de la couche SaintFerdinand, au septième embranchement du grand plan

incliné qui porte ce nom. Salles, qui avait souscavé sur 20 centimètres de profondeur une motte de charbon de 1111,25 de longueur et n'avait laissé pour la soutenir qu'une patte, c'est-à-dire un tout petit pilier de charbon, voulut abattre cette patte pour provoquer la chute de la motte. Pour cela, il posa sa lampe à terre et à sa gauche,

et, se plaçant assez loin du front de taille pour ne pas être atteint, il fit sauter la patte par un fort coup de pic. Mais l'outil, après avoir détruit ce petit pilier, continuant son mouvement angulaire, vint atteindre la lampe du mineur et la renversa en perçant le tamis. Le bloc tomba en même temps et, aussitôt, une flamme apparut, suivit

était presque guéri deux jours après l'accident.

La relation ci-dessus exposée des circonstances de l'accident, est celle de Salles et Jalès ; elle a été pleinement confirmée dans l'enquête administrative, non seulement par les constatations faites au chantier, mais encore par les déclarations unanimes et très catégoriques des autres témoins des faits qui viennent d'être rapportés, car ces deux ouvriers n'étaient pas seuls à travailler dans la taille où ils étaient employés. La lampe de Salles était, comme toutes celles en usage aux mines de Molières, du système Mueseler, type réglementaire belge ; elle était fermée à clé, et à part le trou de 611"1,7 qui correspondait bien à la pointe d'un pic, elle ne présentait aucune défectuosité. La couche Saint-Ferdinand est mince, comme toutes celles de Molières ; elle avait, en cet endroit, 70 centi-

mètres, en y comprenant un petit banc de schistes, au mur, de 10 centimètres; elle est exploitée par tailles chassantes, dont le front forme, dans son ensemble, une ligne inclinée sur la direction de la couche.

La taille dans laquelle l'accident s'est produit était fort bien aérée ; le point où travaillaient Salles et Jalès étant la partie la plus élevée de la taille et la plus rapprochée de la sortie d'air, était celui où les pertes faites

par le courant à travers les remblais ou les dépilages venaient rejoindre la branche principale ; c'était donc le point de la taille où le volume de l'air et la vitesse du courant atteignaient leur maximum; enfin, on ne voyait au toit aucune de ces petites excavations appelées cloches et dans lesquelles le grisou aurait eu tendance à s'accumuler. On ne saurait donc supposer que l'atmosphère

du chantier était grisouteuse et inflammable avant la