Annales des Mines (1884, série 8, volume 6) [Image 114]

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AUX USINES DU CREUSOT.

198 ESSAIS EFFECTUÉS SUR UNE MACHINE CORLISS

paraît opportun de résumer, en quelques mots, l'état de la question, au point de vue des connaissances acquises sur les machines à vapeur.

État des connaissances acquises sur les machines à vapeur. On sait, depuis longtemps, que la dépense de vapeur, dans les machines, est très notablement différente de celle à laquelle conduit l'hypothèse de vapeur saturée et sèche, actionnant un piston et ne subissant, pendant l'introduction et l'expansion, ni perte ni gain de chaleur dus,à des causes externes. 1° Condensations à l'admission. L'étude attentive des phénomènes a montré que le poids de vapeur pré-

senté, à la fin de l'admission, est inférieur, et même parfois de beaucoup inférieur au poids de vapeur fournie par la chaudière. L'hypothèse de fuites au piston, admise

tout d'abord, a été bientôt écartée, et c'est à des condensations de la vapeur pendant l'admission qu'on attribue exclusivement aujourd'hui l'écart signalé ci-dessus. Les parois du cylindre, dit-on, se refroidissent pendant la détente et pendant l'émission ; lorsque la vapeur saturée arrive de la chaudière, elle rencontre des surfaces froides et se condense en partie. Au moment où la détente com-

mence, les parois du cylindre et du piston sont ainsi recouvertes d'eau sous forme de rosée, dont la tempéra-

ture est égale à celle de la vapeur admise. Pendant l'expansion, le piston découvre, en s'avançant, des surfaces froides, qui provoquent de nouvelles condensations. Mais la température de la vapeur :qui se détend s'abais-

sant rapidement, l'eau déposée sur les parois s'évapore, dès que sa température devient supérieure à celle de la

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vapeur ; il se produit donc à tout instant, durant l'expansion, une évaporation continue d'une partie de l'eau condensée, en même temps que des condensations sur les surfaces refroidies que découvre progressivement le piston. « Les parois du cylindre jouent ainsi alternativement « le rôle de condenseur et de chaudière. » Isherwood (*). Par ce motif, la tension de la vapeur ne suit pas, pendant la détente, la loi de décroissance calculée pour le cas où les parois seraient imperméables à la chaleur, c'est-àdire où l'expansion aurait lieu adictbatiquement ; la courbe relevée à l'indicateur de Watt s'écarte notablement de la courbe adiabatique et se rapproche au contraire, dans la plupart des cas, de l'hyPerbole équilatère. C'est surtout, en général, à la fin de la détente que la pression se relève ; les évaporations de l'eau condensée paraissent avoir lieu principalement à ce moment. Ces condensations jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des machines ; aussi ont-elles attiré, d'une manière toute spéciale, l'attention des ingénieurs.

Des travaux remarquables ont été publiés sur cette question par MM. Hirn et ses collaborateurs, MM. Leloutre, Hallauer, etc. Dans :divers articles récents , un savant éminent, M. Zeuner, a contesté l'influence exclusive attribuée par M. Hirn aux parois métalliques dans le phénomène des condensations ; il pense qu'il doit rester en permanence, dans le cylindre, une provision d'eau notable, qui joue le

même rôle que les parois. Elle se refroidit durant la détente et l'émission , en s'évaporant partiellement ; lorsque le piston arrive à fin de course, elle est emprisonnée dans les espaces nuisibles ; et pendant l'admission Les découvertes ré(*) Revue de Liège, 1879, t. V, p. 508. centes concernant la machine à vapeur, par M. Dwelshauversllery.