Annales des Mines (1883, série 8, volume 4) [Image 319]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

6o8

BULLETIN.

BULLETIN.

cet accroissement, pour une ligne d'une altitude de 1.109 5 1.145 mètres dans une montagne coupée et pourvue de sommets atteignant 2.900 mètres, le chiffre de 0,02. On sait que pour les terrains plans et d'une faible altitude il est de 0,03 (1' par 30 mètres).

Les formules déduites des observations spréciales au SaintGothard sont-elles susceptibles d'être généralisées et appliquées à la prévision'des températures pour des percements ultérieurs, à condition bien entendu que les massifs considérés se trouvent présenter un relief extérieur comparable à celui du Saint-Gothard ? Il est difficile de répondre à priori. En effet, en admettant même qu'elles traduisent avec une rigueur mathématique les résultats de l'observation en un point donné, on ne peut méconnaître qu'elles laissent de côté un certain nombre de facteurs, dont l'influence est suffisante pour faire varier sensiblement /es résultats d'un endroit à l'autre. Ce sont, entre autres, la conductibilité des roches, leur degré de perméabilité et l'importance des infiltrations, la direction de la schistosité, les conditions météorologiques de la surface, etc. C'est ainsi qu'a 2,500 mètres environ de l'entrée nord du SaintGothard, où la formule indiquait une température de 12°, celle-ci s'est élevée en réalité à 22°, pendant la traversée d'un banc calcaire qui possédait une conductibilité et un pouvoir calorifique différents de ceux du gneiss avoisinant, et formait en outre un foyer de chaleur distinct par la décomposition de la pyrite. L'étude de ces influences ne peut être poursuivie utilement que dans le cas d'un nouveau percement ; mais elle occupe déjà une place importante dans la rédaction des projets ; c'est ainsi, par exemple, que depuis 1878, la Compagnie du Simplon n'a pas mis en avant moins de quatre tracés, chacun d'eux présentant un avantage probable sur le précédent au point de vue des températures. Le premier projet, qui figurait à l'Exposition de 1878, était un tracé rectiligne de 18.507 mètres de longueur, passant sous une épaisseur de roche de 2.780 mètres maximum et 2.220 moyenne, et les formules du Saint-Gothard donnaient une température de 117° environ au centre du massif. La série des roches traversées consiste en schistes lustrés, schistes cristallins et gneiss. Une seconde variante, étudiée en 1881, portait la longueur du tunnel à 19.639 mètres; elle avait principalement pour but de déplacer la tête nord, de façon à éviter la traversée de quelques couches de gypse, en les faisant passer sous le niveau du tunnel.

609

Un nouveau projet, de 1882, se préoccupa exclusivement de la question thermique : il se proposait de passer autant que possible sous les vallées, en évitant les hauts massifs; dans ce but, le tracé comportait une ligne brisée, la brisure se trouvant à 4.500 mètres de l'entrée nord et formant un angle au sommet de 162°. La longueur totale était portée à. 19.795 mètres. Les avantages principaux étaient de réduire à 2.292 mètres la hauteur maxima des massifs superposés, et de passer, à 6.000 mètres de la tête nord, et à 4.500 mètres de la tête sud, sous deux vallées, à 700 mètres seulement au-dessous du sol. La température était prévue de 34° à 37°.

Enfin, une dernière étude d'août 1882 modifie la précédente dans le sens suivant. La longueur est portée à 19.999'1,42, la brisure, à 5.260 mètres de la tête, fait un angle au sommet de 155°. Le maximum d'altitude atteint 2.750 mètres, mais à 300 mètres, de part et d'autre de ce point, on retombe à 2.500 mètres, ce qui donne une hauteur superposée de 1.795 mètres seulement. Il

bénéficie, comme le précédent, du passage sous le thalweg de deux vallées, à 680 et 1.000 mètres de profondeur. Il prévoit un maxi-

mum de température de 35°, soit donc 5° gagnés sur les tracés

rectilignes. Dans ces conditions, la Compagnie du Simplon considère l'entreprise comme pratiquement réalisable, disposant de forces hydrau-

liques considérables, Rhône et Diveria, elle se propose d'abais-

ser encore la température de plusieurs degrés, par l'emploi de ventilateurs puissants aux deux têtes, et au besoin par le fonçage de puits d'aérage spéciaux au passage des thalwegs de vallées.

Ce dernier moyen avait déjà été proposé par un ingénieur

autrichien, M. Pressel, qui concluait à l'emploi d'un puits auxiliaire à chacune des têtes, l'appel de l'air se faisant, non par un foyer d'aérage, comme c'est le cas habituel des mines, mais par une chute d'eau continue dans l'un des puits, qui refroidirait l'air de ce puits et augmenterait sa densité. La moindre profondeur des puits du Simplon serait de 700 mètres. La solution la plus pratique serait certainement l'envoi d'une quantité d'air suffisante par des appareils installés aux têtes, et indépendants de ceux qui fournissent l'air à la perforation; c'est ce qui a été fait à l'Arlberg. Mais ce procédé, très bon pour des tunnels de faible longueur, perd une partie de ses avantages dans le cas du Simplon, où la longueur de la conduite atteindrait 10 kilomètres dans la partie qui a besoin de la ventilation la plus