Annales des Mines (1883, série 8, volume 4) [Image 142]

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256 NOTE SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE VERTICALE

timbre de 5°',25, sur lequel était inscrit encore « 0I'd02122anCe du 25 mai 1843 ». La chaudière remontait donc. au delà de 1865; nous ne pûmes retrouver à l'usine de Marnaval aucun renseignement sur l'origine de la chaudière,

et nous dûmes nous adresser à l'ancien propriétaire de Marnaval, qui avait acheté des chaudières de rencontre lorsqu'il construisit son usine. En 1872, la société Jamin Bailly et C'° vendit à M. RoyerHouzelot, qui venait d'acquérir la forge de Marnaval, une ancienne chaudière verticale pour la somme de 702 francs;

d'après une visite que je fis à Eurville, cette chaudière avait im,io de diamètre et 14 mètres de hauteur, elle avait été construite en 1859 par M. Salarnier de Paris, éprouvée

et timbrée d'abord pour 5°',5o ; ce timbre fut réduit en 1861 à 5at,25 pour unifier la pression dans toutes les chaudières de l'ancienne forge d'Eurville. M. Royer-Houzelot, ou peut-être même déjà MM. Jamin Bailly et Ge la firent

sans doute allonger d'un mètre, d'autant plus que la dernière virole du haut, qui n'a qu'un mètre de hauteur, est faite avec de la tôle de qualité différente de celle du bas, et que les rivets sont à tête pointue, tandis qu'au-dessous ils sont à tête plate. Toujours est-il que M. Royer-Houzelot la fit éprouver à la forge de IVIarnaval le 22 mars 1873, pour

le timbre de 6 kilogrammes, et la déclara le 12 décembre 1873. Un panneau de 2",20 de hauteur sur l',22 de large fut placé en 1874 et une nouvelle épreuve fut faite le io avril 1874. Deux autres réparations ont été faites ces dernières années à cette chaudière; nous en avons déjà parlé plus haut: 1° une pièce a rapportée à l'extérieur au nord à i'",3o du fond, de om,46 de haut, om,22 de largeur et 13 millimètres d'épaisseur posée au commencement de 1882, ainsi qu'il résulte d'un procès-verbal d'épreuve du 4 avril 1882. La partie supérieure de cette pièce a été 'enlevée par l'explo-

sion sur 0-,12 de longueur, le long de la rivure; 20 une

AUX FORGES DE MARNAVAL (HAUTE-MARNE) .

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pièce b vers l'ouest, à o,6o plus haut que la précédente, de om,90 de long, om,41 de haut, avec 13 millimètres d'épaisseur ; la pose de cette pièce doit correspondre à une épreuve faite le 20 janvier 1878. L'explosion a déchiré l'ancienne pièce du bas suivant la ligne de l'axe des rivets de la pièce b sur une longueur de om,9o, et, de là, la déchirure est allée rejoindre celle de la pièce a. Quelles sont les causes certaines ou probables de l'explosion? Nous avons dit plus haut que, sur les dix-sept chaudières,

quatorze seulement étaient en feu le 31 mars, et que les machines à vapeur des trains marchands, celles des cisailles, la pompe d'alimentation, marchaient au moment de l'explosion, la machine du puddlage n° I était également en mouvement depuis environ une heure ; seule la machine du puddlage n° II était arrêtée depuis une demi-heure en-

viron, et le moment n'était pas encore venu de la faire marcher. Il arrive assez souvent qu'une chaudière éclate au moment où on met en mouvement la machine qu'elle alimente; cela vient sans doute de ce que, en ouvrant rapidement le robinet de prise de vapeur placé sur la chaudière, on amène une forte dépression de la tension de la

vapeur, d'un côté parce qu'il faut remplir non seulement le cylindre, le tiroir et les conduites, mais aussi parce que tous ces organes, quand ils ont eu le temps de se refroidir, fonctionnent au début comme de véritables condenseurs; il y a alors une forte et brusque dépression dans la chaudière, et comme l'eau n'a pas perdu sa température, il se fait une véritable explosion intérieure qui souvent suffit pour rompre la chaudière. Mais une pareille cause ne nous paraît pas devoir être invoquée à Marnaval ; dans cette usine, les robinets de prise de vapeur sont placés

sur les machines mêmes, à l'entrée dans les tiroirs, et, comme une seule conduite principale, communiquant avec toutes les chaudières, alimente les différentes machines,