Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 259]

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microscope, par l'ammoniaque : on les voit alors se diviser en une masse de corpuscules, de petits grains, de flocons, de pellicules, qui nagent dans la liqueur brune résultant de la dissolution d'une partie de la matière végétale, et qui ressemblent absolumebt à ceux qu'on observe souvent en grande quantité dans les combustibles minéraux. Enfin des éléments oe même nature, se trouvant dans le même état au moment de leur dépôt, ont pu, soumis à des conditions extérieures différentes, ne pas subir les mêmes transformations et donner par conséquent naissance à des variétés de houille différentes. Il est à peine besoin de rappeler l'influence de la proportion des matières terreuses mélangées, qui font passer graduelle-

ment des houilles pures à des houilles cendreuses, puis à

des

houilles schisteuses, et enfin à des schistes bitumineux. C'est ce qui arrive actuellement sur les bords des tourbières, où les particules

sableuses ou argileuses qui se mélangent à la tourbe la rendent souvent inutilisable. On ne saurait non plus révoquer en doute l'influence que doit exercer sur un amas de matières végétales l'épaisseur plus ou moins grande des masses qui le recouvrent. C'est ainsi que, dans les tourbières, les couches inférieures deviennent de plus en plus homogènes et passent graduellement à la tourbe compacte (Specktorf). Indépendamment de la pression des couches

supérieures, qui a certainement joué un rôle, bien qu'elle ne soit pas très considérable puisque les débris de plantes contenus dans ces tourbes se montrent à peine déformés, il est incontestable que la présence de ces couches a dû, en empêchant l'accès de l'air, en s'opposant au dessèchement des masses qu'elles recouvraient, modifier les réactions chimiques dont celles-ci étaient le siège. La même chose a eu lieu pour les couches houillères, et il est évident que les transformations chimiques n'ont pas dû être les mêmes dans des couches recouvertes de puissants dépôts argileux imperméables à l'air et à l'eau, et dans celles sur lesquelles reposait seulement une faible épaisseur de sables peu consistants. C'est peut-être à des causes de ce genre qu'Il faut attribuer le mode de répartition des charbons maigres et des charbons gras dans diverses régions d'un même bassin, ou dans différentes parties d'une seule et même couche. La plus ou moins grande abondance du grisou peut aussi dépendre de conditions analogues, suivant que les couches de charbon sont encaissées dans des roches plus ou moins imperméables aux gaz, ou encore suivant que le dépôt de matières végétales a été plus ou moins rapidement recouvert de dépôts plus ou moins puissants.

493 On arrive ainsi à se rendre compte de la diversité extrême de nature et d'aspect que peuvent présenter les houilles, suivant les conditions qui ont présidé à leur formation.

il reste à dire quelques mots de la manière dont ont pu se faire les dépôts de matières végétales qui ont donné naissance à la houille.

Parmi les théories qui ont été mises en avant, deux seulement méritent d'être prises en considération, celle de la formation par inurbage et celle de la formation par transport et sédimentation, car l'hypothèse qui veut faire de la houille un dépôt marin, coniitué par des algues, est absolument sans fondement : les obserations qui précèdent, sur la nature des tissus végétaux qui entrent ns sa composition, sont en contradiction formelle avec cette idée,

e même que l'absence de coquilles marines aussi bien dans les bacs calcaires ou schisteux interposés entre les couches de charbon lue dans la houille elle-même. La manière dont sont constituées les couches de houille, par lits Éternants, ordinairement très minces, de charbon de diverses va!ides ou même de schistes charbonneux, la ressemblance extrême

Iodles offrent par là avec des formations sédimentaires, leur Ilternance fréquente avec des couches incontestablement formées e sédimentation, constituent des arguments puissants en faveur ela théorie de la formation par transport, à laquelle s'est arrêté

Grand'Eury, et qui semble avoir pris le pas sur la théorie du 'herbage, ou pour mieux dire, de la formation autochtone; car cerines tourbes pouvant être formées de matériaux transportés, cette lÉsignation paraît plus précise, en opposition à la théorie de la fornation par transport ou formation allochtone.

Les troncs d'arbres debout, encore enracinés, qu'on rencontre event dans le terrain houiller, sont cependant parfois si rappehés les uns des autres, et dans des positions telles, par exemple Ions les tranchées du chemin de fer à Neunkirchen, près de Sartebrück, qu'on ne peut contester qu'ils soient encore en place, bus la situation et sur le sol où ils ont vécu ; mais sur d'autres ints les troncs debout peuvent être regardés comme amenés par

ttage, ainsi que l'admet m. Fayot, et dans tous les cas les restes

te forêts houillères encore en place n'occupent qu'une étendue 1?op faible par rapport à celle des couches de houille pour qu'on luisse y trouver

une preuve formelle de la formation autochtone.

La question est de savoir si la stratification des couches de houille Pr lits parallèles indique nécessairement qu'elles ont été formées ion sédimentation,

au moyen de matériaux amenés par flottage, ou