Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 249]

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minces au microscope, elles se montrent composées d'une série de lits horizontaux excessivement minces renfermant des grains ronds jaune clair ou rouge brun, comme ceux qu'on observe également

sur des coupes transversales de ces deux variétés de houille. On y reconnaît en outre des débris très divisés de feuilles de graminées ou de mousses, quelques fragments de bois et des grains de pollen en nombre incalculable. Un fait intéressant est la présence, dans un grand nombre de tourbes, de fragments de plantes carbonisés tout à fait analogues au fusain du terrain houiller et se comportant comme lui vis-avis des réactifs oxydants, en ce sens qu'ils offrent à l'attaque une résistance plus grande que la masse de la tourbe dans laquelle ils sont noyés, ainsi qu'il arrive pour le fusain par rapport à la houille elle-même; on y reconnaît des trachéides à ponctuations ardulées et des fibres libériennes. En résumé, il résulte des recherches de M. y. Gümbel que la plupart des tourbes, aussi bien celles qui se sont formées sur place que celles dont les matériaux ont été accumulés par flottage, pré-

sentent une stratification nette en lits souvent extrêmement minces. Toutes se montrent constituées par des débris de plantes plus ou moins altérés, mais encore visiblement organisés, séparés par une substance amorphe analogue à l'humus (matière humique ou ulmique), qui résulte d'une décomposition complète de la matière végétale, transformée par une oxydation graduelle, et qui forme le ciment de la masse.

Tourbes et autres combustibles quater.

rtaires.

Un grand nombre de tourbes quaternaires diffèrent si peu des tourbes actuelles, qu'on n'en a reconnu l'âge que par les débris animaux qu'on y a rencontrés, appartenant à l'Elepluu primigenius, au Rhinoceros tichorhinus, au Cervus megaceros, ou

à d'autres espèces éteintes. D'autres, au contraire, se présentent sous forme de lignites schisteux (diluviale Schieferkohle), qu'on exploite dans un assez grand nombre do localités de la Suisse ou de la Bavière, et qui offrent des passages évidents entre la tourbe et le lignite; certaines parties sont encore molles comme la tourbe, d'autres tout à fait solides et compactes. Dans la masse on trouve des rameaux ou des troncs, le plus souvent aplatis, de conifères, de bouleaux,

de saules, d'aunes, qui tantôt ont l'aspect de lignite

473 tasse les parties encore molles, on obtient une masse exclusivement composée de débris végétaux, feuilles de graminées et de mousses, aiguilles et rameaux de conifères, étroitement enchevêtrés. Les parties solides, attaquées par les réactifs oxydants, se montrent composées aussi d'éléments végétaux à structure discernable, cimentés par une matière amorphe analogue au dopplérite cette matière se montre souvent remplissant l'intérieur des cellules végétales dont les parois sont encore intactes. Les tiges et rameaux plus ou moins aplatis qu'on rencontre dans ces dépôts sont remplis à l'intérieur d'une substance molle, jaunâtre, rappeBULLETIN.

BULLETIN.

xyloide,

tantôt sont transformés en une masse charbonneuse homogène, d'aspect analogue à la houille (Pechkohle). En traitant par la po.

lant le bois pourri, tandis que l'écorce est transformée en un charbon brillant, qui, traité par l'acide nitrique et le chlorate de potasse, montre l'organisation caractéristique des tissus corticaux. La présence, à côté de ces troncs ou rameaux, de cônes de coni-

fères non déformés prouve bien que leur aplatissement ne saurait être attribué à la pression et ne résulte que de la décomposition des tissus ligneux.

Dans un de ces gîtes de lignites, aux environs de Sonthofen, Bavière, M. y. Gümbel a constaté entre les couches charbonneuses

de nombreuses intercalations de marnes sableuses, remplies de débris végétaux et notamment d'aiguilles de conifères, qui présentent nettement le caractère de formations alluvionnaires ayant à diverses reprises envahi la tourbière et recouvert les dépôts de tourbe déjà formés. L'analogie avec ce qui se passe dans le terrain houiller a à peine besoin d'être signalée. A Grossweil, près du Kochelsee, la couche de lignite se montre composée de lits alternants de débris ligneux et de débris foliacés, qu'on peut facilement isoler en traitant la masse par une dissolution de potasse ; on voit que, parmi les débris de feuilles, les Sphagnunz tiennent la première place, ce qui prouve formellement qu'on a affaire à une formation de tourbière.

Lignites et autres charbons tertiaires.

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n'y a qu'une différence peu importante entre les lignites quater-

naires et certains lignites tertiaires qui constituent le type du Braunkohle. Ces lignites sont formées de lits alternants d'une matière compacte, brune, à cassure conchoïde, et d'une substance

terreuse mate d'un brun jaunâtre ; on distingue de temps en temps des bandes noires ou des lits de débris ligneux qui tranchent sur le reste de la masse par leur éclat ou leur couleur particulière. Quelquefois les éléments ligneux, fragments de tiges ou de rameaux à structure conservée, sont prédominants et consti-