Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 46]

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constructeurs, les dimensions des divers types de lampes. Changer dans la lampe Mueseler, par exemple, la hauteur du cylindre de verre, la hauteur et la position de la cheminée, le diamètre du diaphragme, la hauteur du cylindre de toile, etc., c'est altérer et quelquefois très gravement le degré de sécurité de l'appareil. Nous pensons d'ailleurs que, bien que le danger signalé par M. Marsaut ne paraisse pas sérieusement à redouter, il suffit qu'il puisse être considéré comme seulement possible dans certains cas même tout à fait invraisemblables pour qu'il y ait lieu d'en tenir compte. Peut-être, si l'on persistait dans l'emploi de la lampe Mueseler, pourrait-on songer à surélever le cylindre de toile ou à le coiffer d'un chapeau plein ou encore à superposer deux cylindres de toile.

Cause de danger résultant du passage de le flatunne dans le cylindre de toile de la larepc illicseler. Il y a d'ailleurs un résultat des expériences de M. Marsaut dont, à notre avis, il importe au plus haut point de tenir compte désormais. On pensait jusqu'ici que, dans la lampe Mueseler, l'inflammation ne pouvait que par un concours de circonstances tout à fait invraisemblables pénétrer

jusque dans l'intérieur du cylindre de toile. On pouvait alors se croire garanti contre l'influence des courants d'air puisque la flamme ne pouvait jmnais se trouver soumise à leur influence. 'Mais M. Marsaut a montré qu'avec des mélanges d'air et de ga'z d'éclairage, et en employant une manoeuvre qu'on réalise dans les houillères lorsqu'on se livre à l'exploration d'une cloche, la flamme peut très aisément passer dans l'intérieur du cylindre. Nous avons montré que cet effet

peut se produire même avec des mélanges d'air et d'hydrogène protocarboné. Il peut donc sans aucun doute se produire dans la pratique. Or, lorsqu'il est réalisé, lorsque la flamme envahit le cylindre de toile, elle y persiste et se

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trouve soumise, dans des conditions précisément très périlleuses, à l'influence de l'agitation de l'air qui peut être produite par une cause quelconque, et tout simplement par la précipitation de l'ouvrier à retirer sa lampe. L'élément principal de la sécurité de la lampe Mueseler se trouve donc alors supprimé.

Pour conjurer cette cause de danger, il faut éviter de se placer dans les conditions où elle peut se produire. Il faut ou renoncer à explorer une cloche avec cette lampe ou tout au moins recommander à l'ouvrier, lorsqu'il se livre à cette exploration dangereuse de tenir sa flamme à. la hauteur normale au lieu de la baisser comme on le recommande ordinairement. On 'ne peut plus alors, il est vrai, juger de la présence du gaz par l'auréole bleue ; mais on peut encore se servir des indications données par l'allongement de la flamme. Ce procédé, d'ailleurs assez précis, est depuis longtemps employé à Bessèges, et nous

l'avons étudié dans notre mémoire « Sur les procédés propres à déceler la présence du grisou (*) Pour éviter le danger d'une manière plus sûre, on devra modifier la construction de la lampe MueE,eler.

On pourra recourir à l'emploi d'un écran préservateur. C'est ce qu'a fait M. Marsaut ; c'est ce que vient de proposer aussi M. Barretta, qui enveloppe la lampe Mueseler ordinaire, pourvue de deux cylindres de toile. d'un écran cylindrique percé d'orifices à la partie inférieure. L'addition d'un écran n'est pas sans entraîner quelques inconvénients. La toile métallique, garantie contre le rayonnement, s'échauffe davantage, et; surtout au bout d'un certain temps, l'alimentation est plus difficile. Il pourrait même arriver que, si la lampe est maintenue longtemps dans un

milieu non explosif, mais voisin de l'inflammabilité, la température s'élevât assez pour que la toile devînt rouge, (*) Annules des mines, 7' S., t. xlx, p. 186, 188

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