Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 25]

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OXYDABILITÉ RELATIVE DES FONTES, FERS ET ACIERS

précédents, et comparons ensuite ces diverses données aux résultats constatés par les ingénieurs anglais.

On voit tout d'abord, en parcourant nos tableaux, que l'eau de mer et l'eau acidulée agissent autrement sur le fer que l'air humide ; que par suite les études faites à l'aide de l'eau acidulée ne peuvent rien apprendre sur la corrosion exercée sur ce métal par l'action prolongée de l'air humide ou de l'eau de nier. Pour éviter toute erreur, il faut donc résumer séparément les résultats fournis par l'air humide et l'eau acidulée. ° Action de l'air humide. Les tableaux A, B, C et D prouvent que tous les aciers durs ou doux, à part l'acier chromé, sont sensiblement rouillés au même degré par l'air

humide; que les fontes résistent mieux que les aciers et parmi elles la fonte blanche, manganésée, spéculaire (le spiegel) plus que les fontes grises. Le chrome favorise la corrosion des aciers recuits, tandis que le tungstène produit plutôt l'effet contraire. Quant à la trempe, les tableaux B et D sembleraient éta-

blir qu'elle favorise la rouille. Pour se prononcer à cet égard, une expérience plus prolongée est toutefois nécessaire, car dans les deux essais B et D l'eau acidulée intervient trop pour que l'on puisse positivement affirmer que la trempe favorise la rouille par l'air humide seul, abstraction faite de l'eau acidulée. Les expériences de M. R. Manet, dont les échantillons furent exposés pendant deux ans à l'air humide de Dublin, confirment ces conclusions. Les fontes résistent mieux à la rouille que les fers doux et les aciers; la fonte grise deux à trois et la fonte blanche cinq à six fois plus.

Entre les fers et les aciers il y aurait au fond peu de différence; cependant ces derniers, à l'état trempé, résisteraient un peu mieux que le fer doux. M. Parker a, de son côté, soumis à l'air enfumé de Lon-

SOUS L'ACTION DE L'AIR ET DE L'EAU, ETC.

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dres pendant quatre cent cinquante-cinq jours consécutifs diverses sortes de fer doux soit soudé, soit fondu, et tous destinés à la fabrication des chaudières et des coques de navires.

Ces expériences prouvent aussi que tous les fers se rouillent à peu près au même degré ; que cependant le fer soudé commun semblerait résister un peu mieux que le meilleur fer de Lowmoor et celui-ci un peu plus que le fer doux fondu, tenant 1/4 à 1/2 p. 1°9 de manganèse.

L'amirauté anglaise et l'ingénieur Phillips ont borné leurs expériences à. l'eau distillée et l'eau de nier. Je n'ai donc pas à les citer ici. 20 Action de l'eau de mer. Les tableaux E et E' font connaître les effets de l'eau de mer. Ces effets sont à quel-

ques égards inverses de ceux de l'air humide. Ainsi les fontes sont plus attaquées que les aciers et parmi les fontes

le métal spéculaire, riche en manganèse, l'est deux fois plus que les fontes grises ou noires de même origine, et la fonte phosphoreuse ordinaire pour poterie presque deux fois plus que la fonte pure au bois de Ruelle (tableau E). Les tableaux E et E' prouvent aussi que l'eau de mer attaque moins fortement l'acier trempé que l'acier recuit, et que le manganèse favorise la corrosion des tôles d'acier.

A part cela, l'action de l'eau de mer varie peu avec le degré de carburation des fers. D'accord avec ces résultats, les essais de M. R. Mallet prouvent aussi que les fers et les aciers sont tous sensi-

blement entamés au même degré par l'eau de mer ; par contre, les aciers, contrairement à mes observations, seraient corrodés plus profondément que les fontes. Cette divergence peut tenir à la nature plus manganésée des fontes soumises à mes essais et aussi à cette circonstance, signalée par M. Parker, que toutes les plaques de fonte employées par M. Mollet furent essayées brutes, telles