Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 125]

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ET DES GÎTES MÉTALLIFÈRES DE L'INDO-CIIINE.

EXPLORATION DES GÎTES DE COMBUSTIBLES

Les eaux du bassin des Lacs ont alors lentement dessalé ces derniers; pendant une longue période de siècles, elles se sont encore' rendues directement à la mer, à travers l'estuaire sans cesse grandissant; puis elles ont rejoint le Mé-

Kong dont le cours, un instant dirigé vers l'ouest, avait repris sa direction normale vers le sud, convergeant ainsi vers le déversoir des Lacs, et finissant par en absorber les eaux dans son cours majestueux. C'est ce qui a lieu encore aujourd'hui. Le Tonlé-Sap et - le Mé-Kong se rejoignent à Ph'nom-Penh, et ce sont leurs eaux réunies qui continuent à développer l'immense estuaire de la Basse-Cochinchine, et à en relever le niveau par voie

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dité plus grande encore que celle de l'estuaire et un petit nombre de siècles suffira pour les transformer, d'abord en marais, ensuite et définitivement en plaines basses qui ne tarderont pas à être couvertes de riches cultures et d'une luxuriante végétation. Dès aujourd'hui, la partie centrale des Lacs est seule abordable aux navires même du plus faible tirant d'eau (i mètre à rn,5o), pendant la saison sèche, et les sampans de pêche seuls peuvent y pénétrer pendant quatre mois de l'année dans la plus grande partie de leur surface et remonter les cours d'eau, autres que la rivière de Battambang, qui convergent dans le TonléSap.

entre les dimensions de leurs bassins hydrologiques entraîne

Inversement, les annales de l'histoire nous ont conservé, sous la forme d'un récit enthousiaste d'un voyageur chinois du VIII' siècle, le souvenir d'un temps où les eaux du lac remplissaient les vastes dépressions creusées devant

une différence énorme dans l'importance de leurs crues

les murailles d'Ang-Koor.

de colmatage annuel. Mais la jonction de ces deux cours d'eau présente une particularité du plus haut intérêt. La différence qui existe

annuelles. Les eaux du Mé-Kong s'élèvent chaque année à

une hauteur de 12 à i4 mètres au-dessus de l'étiage du confluent à Ph'nom-Penh, tandis que celles de son affluent

régularisé par les lacs ne présenteraient, si elles se rendaient directement à la mer, et n'ont dû présenter autrefois, quand cette circonstance était réalisée, qu'une crue insignifiante.

Il en résulte que, dans l'état actuel, les eaux sont refoulées dans le Grand Lac par les crues du Mé-Kong, et cela

jusqu'à ce que le niveau de ce dernier atteigne la hauteur du plan d'eau à Ph'nom-Penh. Cette circonstance est réalisée

quand ce niveau s'est élevé d'environ 7 à 8 mètres audessus de l'étiage. Alors, après une courte période où les eaux sont étales dans le Tonlé-Sap, ce qui donne la cote de nivellement absolue du lac à ce moment, le mouvement inverse recommence et se prolonge jusqu'à la fin de la saison sèche de l'année suivante. Aussi le colmatage des lacs s'effectue-t-il avec une rapi.

Enfin, les stations préhistoriques appartenant à l'âge du

bronze et de la pierre polie, découvertes aux portes de Saïgon et surtout au monticule de Som-Ron-Sen (*), sur le Strung-Chinnit, affluent du Tonlé-Sap, stations dont la seconde au moins est certainement antérieure à la date initiale du remplissage ascendant des Lacs par les crues annuelles du Mé-Kong, sont les témoins palpables d'une époque encore plus reculée, où la Cochinchine actuelle

était réduite à quelques îlots rocheux, imparfaitement reliés par des lagunes vaseuses, au bord desquelles vivaient quelques peuplades de Dravidiens, époque qui coïncide sensiblement avec celle de l'invasion de l'Inde par

la race ahrienne, et qui remonte, par suite, à un petit nombre de siècles avant l'ère chrétienne. Note sur la station préhistorique de Som-Ron-Sen et considérations sur l'âge de cette station, Bull. de la Soc. géol. de France 5' série, tome XI.