Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 113]

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ET DES GÎTES MÉTALLIFÈRES DE L'INDO-CHINE.

EXPLORATION DES GÎTES DE COMBUSTIBLES

la tombée de la nuit, nous entrons dans l'extrémité du Grand Lac, et le lendemain à trois heures du matin notre chaloupe s'arrête sur un fond de sables, dans la rivière Sène, à environ io kilom. au-dessous Cie Compong-Thorn, Après une longue journée passée à parlementer avec k gouverneur de cette ville, nous pouvons enfin obtenir des charrettes à buffles et un guide, et à deux heures du matin

nous passons sur la rive droite de la rivière.

Là, six

charrettes nous emmènent à travers la grande forêt plate que nous ne quitterons plus avant Ph'nom-Dêck. Au milieu de la seconde journée, nous atteignons le premier village Khouy où travaillent quelques forgerons;

le quatrième jour, à l'aurore, les charrettes s'arrêtent au pied de la première colline qui surgit de l'immense plaine de verdure, et qui contient le gîte de fer de Ph'nom-Déck, La matinée du Io est employée à reconnaître et à faire le croquis de l'affleurement de cette importante masse mi nérale enclavée dans un puissant dyke de tuf porphyrique, enfin à inspecter les travaux élémentaires des mineurs du pays ; le reste de la journée est consacré à explorer le groupe des collines qui forment la petite chaîne de Ph'nontDêck ; malheureusement une indisposition douloureuse qui ne nous permet de marcher qu'avec une extrême difficulté,

et dont les conséquences fâcheuses devaient se faire ressentir encore pendant de longues semaines, nous empêche de prolonger et de compléter cette exploration, un moment troublée par le rugissement des tigres qui pullullent dans la forêt vierge. Aussi devons-nous, à notre grand regret, renoncer à visiter les collines voisines où se trouvent, dit-on, d'autres gîtes du même minerai, et nous quittons à la nuit tombante cet endroit peu hospitalier, pour aller camper au premier village Khouy, où hommes et bêtes pourront enfin trouver l'eau pure et le repos dont tous ont besoin. Nous y arrivons fort tard, ayant marché pendant plus de deux heures

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dans la forêt, puis franchi à gué quelques affluents profondément encaissés de la rivière Sène, à la lueur vacillante des torches portées par les Khouys qui nous accompagnent. La bonne volonté de nos guides nous permet de faire le

lendemain une longue étape avant la grande chaleur. A dix heures nous pouvons changer nos attelages et le soir nous arrivons au dernier village Khouy, à Prey-TeTeng, où les indigènes nous ont élevé une petite paillotte,' léger gourbi en bambou, qui nous permet, pour la première fois depuis notre tournée, de nous reposer un peu à l'abri

des insectes, et autrement que sur le sol nu de la forêt. Pendant la nuit des attelages frais arrivent, et au lever du jour nous. reprenons notre pénible pérégrination. Le guide s'égare un moment dans l'immense clairière qui nous sépare encore de la rivière ; enfin, après avoir traversé, non sans difficulté, un coin de forêt en flammes et d'immenses marécages, nous arrivons à neuf heures du soir à la maison du guide, distante de 12 kilomètres à peine de la rivière Sène que nous atteignons le lendemain matin vers huit heures. La chaloupe se met rapidement en pression et, une demiheure après, nous filons avec une vitesse de dix noeuds à l'heure vers le Grand Lac et Ang-Koor. Dans les deux jours

que nous avons passés au milieu de cette région, point avec de extrême de notre voyage, nous recueillons, profondes impressions artistiques, provoquées par la vue des merveilleux monuments de l'art Khmer et des vestiges des grandioses de l'ancienne civilisation cambodgienne, renseignements intéressants sur la géologie de la contrée. Le 16 nous reprenons la direction du Sud. Notre intention était de visiter d'abord la station préhistorique de Som-RonSen, sur le Strung-Chinitt, au pied des montagnes de ComPong-Swai, et de terminer éventuellement notre voyage par l'exploration de la montagne de l'Éléphant. Mais un redoublement de souffrances, occasionné par l'aggravation de l'état de enjambe, me cloue au fond de notre chaloupe et m'empêche