Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 197]

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NOTE SUR LA FABRICATION DE L'ACIER

augmenter ou diminuer, à volonté, la teneur en carbone du produit final. Il se forme, par la réaction du spiegel, de l'oxyde de car-

bone qui agirait sur l'acide phosphorique des scories, et ferait rentrer du phosphore dans le bain, si on n'avait pas eu la précaution d'expulser préalablement ces scories. Cependant il est impossible d'évacuer complètement ces der-

nières, et il se produit toujours une réinvasion du phosphore. On peut arriver à diminuer cet inconvénient en faisant

l'addition du spiegel dans la poche de coulée, avant de verser le métal du convertisseur ; mais on a alors à redouter une trop grande effervescence (par suite des réactions chimiques qui s'opèrent), et les projections qui pourraient en être la conséquence. On 'a donc pris le parti, au

Creusot, de verser le tiers environ du spiegel dans le convertisseur et le reste dans la poche. Grâce à ces précautions, la réinvasion du phosphore ne dépasse pas 0,02o p. ioo.

S 5. Composition que doit avoir la fonte.

L'affinage

au convertisseur assure le départ, aussi complet qu'on puisse le désirer, du silicium et du phosphore, mais le soufre n'est éliminé que partiellement.

Ce dernier corps étant nuisible à la qualité de l'acier qu'il rend rouverin, il importe de traiter seulement des fontes en renfermant une faible proportion. On arrivera à ce résultat en imprimant aux hauts fourneaux une allure chaude avec laitiers très calcaires ; la présence du manganèse dans le lit de fusion aidera puissamment aussi à faire passer le soufre dans les laitiers. Pour les autres corps que renferme la fonte, il faut tout d'abord que le total des calories développées par leur combustion permette de porter le produit final à une haute température, et de fondre les scories.

AU MOYEN DE FONTES PHOSPHOREUSES, ETC.

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Or la proportion de carbone ne varie que dans des limites assez étroites, et son oxydation ne donne pas beaucoup de

chaleur. C'est donc sur les calories développées par les autres corps, silicium, manganèse et phosphore, qu'il faut compter principalement pour obtenir le résultat voulu. Examinons séparément quelles proportions de ces divers corps doit contenir la fonte. Silicium.

Le silicium fournit beaucoup de calories et son élimination au convertisseur est certaine. Comme il brûle dès le début, il élève de suite la température du bain ; pour ce motif, sa présence dans la fonte semble être indispensable. Cependant, il ne faut pas que le silicium soit en proportion élevée, parce qu'alors on aurait les inconvénients suivants : addition de chaux trop considérable pour neutraliser la silice ; grande masse de laitiers réduisant l'effet utile du convertisseur ; usure du revêtement.

Aussi, au Creusot, estime-t-on qu'il y a convenance à ne pas traiter des fontes contenant plus de 1,00 à 1,5o

p, ioo de silicium.

Manganèse. Le manganèse ne présente que des avantages; nous avons déjà dit qu'il facilite l'obtention, au haut fourneau, de fontes peu sulfureuses. Au convertisseur, il agit également en rendant les scories plus fluides, en favorisant probablement l'expulsion du soufre, et en préservant le fer contre une oxydation énergique pendant

le sursoufflage.

Malheureusement les fontes manganésifères coûtent cher; et on est conduit à limiter autant lits de fusion de

manganèse.

que possible, dans les des hauts fourneaux, l'addition de minerais

Phosphore. C'est Tome 1, 1882.

donc en augmentant la proportion 25