Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 139]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

nappes d'eau souterraines, la composition minéralogique

de la terre végétale ont été par lui représentées sur diverses cartes, dressées suivant des méthodes de notations qui lui sont propres. Ses coupes suivant le tracé de plusieurs de nos grandes lignes de chemins defer, en éclairant la constitution du sol sur lequel elles sont établies, sont aussi d' une utilité journalière. Tout en poursuivant ses nombreux travaux scientifiques,

Delesse ne cessa pas de s'acquitter, avec une régularité parfaite, de ses fonctions dans le Corps des mines. Ayant, en 1864, quitté le service des carrières de Paris, qu'il occupait depuis dix-huit ans, il fut nommé professeur d'agriculture, de drainage et d'irrigations à l'École des mines, où il a créé cet enseignement, avant d'être appelé à fonder le cours de géologie à l'Institut agronomique. Promu inspecteur général des mines en 1878, et chargé de la division du sud-est de la France, il a conservé jusqu'à

la fin de sa vie ces nouvelles fonctions, pour lesquelles l'École des mines l'a vu, avec regret, abandonner ses excellentes leçons. Pendant la guerre de 1870, Delesse a rempli ses devoirs de citoyen en concourant, comme ingénieur, à la fabrication des cartouches dans les départements. Sa nomination à l'Académie des sciences, qui eut lieu le

6 janvier 1879, avait satisfait bien justement la noble ambition de toute sa vie. Il fut, pendant deux années, président de la Commission centrale de la Société de géographie, dont il présida le congrès international de 1875. Il présida également la Société géologique. Il appartenait à la Société nationale d'agriculture ainsi qu'a un grand nombre d'académies et de sociétés étrangères. Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1854, fut promu officier en 1876. Il ne devait pas jouir longtemps de ces positions noble-

DE M. DELESSE.

249 ment conquises par son intelligence, son travail, sa science

et la dignité de son caractère. Lorsque deux coups douloureux l'eurent frappé comme père, il avait ressenti une première atteinte de la grave maladie qui devait avoir des conséquences si funestes. Son activité d'esprit n'en fut point affaiblie ; il n'a cessé de travailler sur son lit de douleur, ainsi que le témoignent les rapports qu'il préparait journellement pour le Conseil général des mines, et celui que, naguère encore, il adressait à l'Académie à l'occasion de ses concours.

L'étendue et la rectitude d'esprit de Delesse, son étonnante puissance de travail, sa science profonde, sa douceur symphatique, qui était associée à une modestie vraie et à une grande loyauté de caractère, l'ont fait estimer et chérir à toutes les époques de son utile carrière. Cette douceur patiente ne l'a pas abandonné dans les étreintes de sa longue maladie. Les soins, aussi éclairés qu'affectueux, qu'il recevait d'une compagne digne de lui et d'un fils dévoué, furent impuissants contre ce mal, et lorsqu'il s'éteignit, le 24 mars, notre ami trouvait encore dans sa foi sincère la force d'une inaltérable résignation. En disant un douloureux adieu au confrère, au camarade que nous pleurons, témoignons hautement du souvenir que nous conserverons toujours de ses belles qualités de coeur et d'esprit, et du culte qu'il a voué pendant toute sa vie à la science et au devoir.

DISCOURS DE M. BARRAL, Secrétaire perpétuel

de

la Société nationale

d'agriculture de Francs,

AU NOM DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.

Messieurs, sous les coups répétés de la mort, qui dans