Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 55]

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INDUSTRIE MINÉRALE

l'amalgame obtenu, on reconnaît que son poids est inférieur à celui du mercure employé, bien que la matière contienne théoriquement un excès de poids dû à l'argent; la différence entre le poids recueilli et celui du mercure constitue la perte du tina.

C'est par distillation « Séparation du mercure libre. le mercure de l'argent

mais il est inutile

que l'on sépare

de distiller toute la masse obtenue par la préparation, attendu qu'une grande partie du mercure se trouve à l'état libre et parfaitement liquide. En conséquence, on commence par séparer le mercure libre de l'amalgame ; ce qui se fait par filtration dans l'appareil appelé manga, c'est-à-dire manche. C'est une sorte de cylindre en cuir, terminé par une partie conique en toile qui sert de filtre, le tout est suspendu verticalement par des cordes, la pointe

en bas. On recueille le mercure filtré sur un cadre de bois muni de pieds, dont la surface est formée par une peau imperméable qui, forme tasse. Le travail est fort

simple, on verse la matière par-dessus, une partie du mercure filtre naturellement par son poids : pour extraire une plus grande quantité de mercure, on frappe la manche avec des bâtons jusqu'à ce que l'amalgame devienne bien compact ; il prend alors le nom de pelote. Le mercure filtré et recueilli sur la tasse de cuir s'appelle vilque. » « La dernière opération qu'on pra5° Elistination tique dans les ateliers, c'est la postura, qui consiste clans la

distillation de l'amalgame dans le but d'isoler l'argent et de recueillir le mercure. On emploie l'appareil appelé caperusa. C'est un petit four qui se compose : i° d'un foyer avec grille pour brûler du charbon de terre, 2° d'un laboratoire où se trouve l'appareil de distillation proprement dit. Le laboratoire communique avec le foyer par une porte qui laisse passer les flammes; au-dessous de cette partie

DANS LE CERRO DE PASCO.

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du four, sur une caisse en fer pleine d'eau et recouverte par une planche munie d'une ouverture circulaire, en face du foyer. Sur le fond de cette caisse repose un trépied en fer, appelé chandelier, qui dépasse le niveau de la planche horizontale en passant par l'ouverture circulaire. Pour préparer l'appareil à fonctionner, on met au-dessus du chandelier une assiette de fer criblée de petits trous, et l'on place au-dessus un cylindre vertical également en fer, qui se trouve fermé ainsi à la partie inférieure par le fond de fer. Ce cylindre sert de moule à la pelote d'amalgame, on comprime avec force, on retire le moule, l'amalgame demeure sur le chandelier avec la forme d'un cylindre vertical. Au dessus et dans l'axe du cylindre, on place une cloche cylindrique en fer qu'on peut abaisser à volonté par l'intermédiaire d'une chaîne passant sur une poulie. On baisse cette cloche, de façon à recouvrir l'amalgame, jusqu'à ce qu'elle s'enfonce dans l'eau. « Dans ces conditions l'appareil est prêt à fonctionner ; on allume le feu, les flammes du foyer viennent chauffer la cloche, le mercure distille en isolant l'argent, pour aller se condenser dans la caisse. On maintient l'eau, qui doit toujours rester froide, à la même température, en faisant circuler constamment un courant dans la caisse ; cette eau sort par une ouverture spéciale. Quand le mercure cesse de distiller, l'opération est terminée, on retire la cloche, on recueille l'argent qui, à cet état, est appelé piita(*). Le métal a conservé plus ou moins la forme primitive de l'amalgame, mais sa structure est très caverneuse. Le mercure condensé dans les caisses est de nouveau utilisé dans les patios.

« L'argent n'est pas livré au commerce sous cette forme, on le réduit en barres massives ; à cet effet on fait fondre (*) Ce mot signifie ananas, pomme de pin ; cette dénomination vient probablement de l'aspect du métal.