Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 277]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

DANS UNE FABRIQUE DE COTONNADES A ROANNE (LOIRE). 553

avant la rentrée des ouvriers, le chauffeur Donjon (Jean) venait. de lever le registre qui règle la communication des carneaux avec la cheminée d'appel, pour faire monter la pression, et se rendait dans le local de la machine, lorsque, soudain, une déchirure se produisit au ciel du foyer intérieur de la chaudière A. L'eau et la vapeur s'échappant avec violence par l'ouverture ainsi formée projetèrent en avant les charbons du foyer et avec eux un pique-feu de 2'",5o de longueur et de on',o4 de diamètre, qui se trouvait en a adossé au mur. Le torrent brisa le battant gauche de la porte d'entrée du local des chaudières ; plus loin, les objets heurtèrent et renversèrent la porte d'entrée de la cour p; enfin des charbons incandescents arrivèrent jusque de l'autre côté de la rue des Planches, tombèrent par une croisée dans un magasin, et mirent le feu à un dossier de chaise et à un morceau d'étoffe. Ce commencement d'incendie fut immédiatement éteint. Les ouvriers, au nombre d'environ 200, commencent à rentrer à s heure 3o minutes et en masse presque compacte. Ils pénètrent dans la cour par la porte p et passent devant les chaudières pour se rendre dans les ateliers. Si l'explosion s'était produite un quart d'heure plus tard, la masse entrante aurait été attaquée de tête par les projections et il y aurait eu sans nul doute un grand nombre de

l'état de l'appareil après l'explosion. La tôle qui s'est déchirée a pu être au début de très bonne qualité ; mais elle

victimes.

se trouvait notablement altérée, lors de l'explosion, d'abord par des coups de feu antérieurs, ensuite par de nombreuses blessures faites, sans nul doute, par l'outil avec lequel on avait piqué des incrustations assez importantes (*). L'épaisseur de cette tôle, comme nous l'avons dit plus haut, était

de II

c'est, à peu près, celle adoptée par tous les

constructeurs du Rhône et de la Loire pour les chaudières semblables à celle qui nous occupe (**).

IV. La cause de l'explosion est des plus certaines : la partie du cylindre intérieur, qui s'est déformée et déchirée, avait un aspect bleu qui tranchait nettement sur la couleur du restant du métal ; ce fait démontre d'une façon irrécusable que la tôle avait été portée à une température élevée, par suite d'un abaissement anormal du niveau de l'eau dans le générateur ; la diminution qui en est résultée dans la résistance du metalba rendu possible la déformation et la rup-

ture de la tôle ; la pression intérieure n'avait d'ailleurs subi aucune surélévation (***) .

Comment l'abaissement du niveau de l'eau s'est-il produit? C'est difficile à savoir.

II L La déformation du cylindre intérieur commençait à on',50

de l'origine avant de la chaudière et se continuait jusqu'à l'extrémité de la première virole, soit sur un mètre de longueur, avec om,55 de saillie ; suivant la section droite, elle occupait, dans son plus grand développement, un tiers environ de la circonférence. La déchirure s'est produite suivant la section droite. L'ouverture avait om,8o de longueur et une largeur maxima de o'n,2 2. Les figures Li et 5 montrent

,*) M. Bour déclare ladite tôle mauvaise; la surface en est couverte de fissures et de criques; la déchirure a été nette, presque sans arrachements. D« après le même, à 7 kilog., cette tôle travaillait à 2',545

par millimètre carré de section, alors qu'on n'aurait pas dû dépasser 2 kilog.

(***) M. Bour déclare qu'une tôle de qualité pareille n'aurait pu à froid subir une semblable déformation avant de se déchirer; il trouve en outre la preuve que la chaudière contenait très peu d'eau dans l'absence de tout déplacement de celle-ci, de tout ébranentent dans la maçonnerie du fourneau.