Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 167]

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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

LES EXPLOSIONS DU GRISOU.

de suite les tailles aux limites du champ d'exploitation, d'où l'on bat en retraite vers le plan incliné. En effet, ces galeries en massif auront bientôt cessé de fournir le grisou

emprisonné dans leurs parois et ne contiendront plus en elles-mêmes de causes spéciales d'infection, tandis que celles qui sont réservées au milieu de cette sorte d'éponge imprégnée de gaz d'une manière permanente, pourront se ressentir d'une manière plus directe des vicissitudes dues aux variations du baromètre. On doit, autant que possible, dans l'institution de la méthode d'exploitation, s'attacher à ce que les parties abandonnées se trouvent en amont-pendage des quartiers en activité pour que le grisou ait moins de tendance à en sortir et à pénétrer dans les chantiers. Pour cette raison éga-

lement il faut éviter d'avoir des étages trop élevés. Ils exigent un très grand nombre de tranches et quand on monte sur le remblai en les prenant dans l'ordre ascendant, on finit par laisser en contrebas une grande étendue de vieux travaux. Il peut arriver alors que la tombée du toit ou la chute d'une certaine quantité d'eau dans le puits

détermine dans l'atmosphère une vague qui fasse

sortir

de ces régions des bouffées de mauvais air. Le grand accident de Oaks Colliery, le plus meurtrier qui ait jamais eu lieu, a été attribué à une influence de ce genre. Pour une raison analogue il est bon de ne pas mettre trop d'étages en train à la fois. On pourra par exemple se contenter de deux, dont l'un se prépare pendant que l'autre

est en pleine activité ; ou au plus trois, dont l'un soit en traçage, l'autre en exploitation et le troisième en voie de terminaison. Parfois cependant le contraire se trouvera naturellement indiqué, suivant une remarque de M. Delafond,

quand le traçage est de nature à assainir avant la période de dépilage un gîte éminemment grisouteux. M. Delafond croit peu à l'utilité, qui a pourtant Pour elle la majorité des opinions, d'éloigner les uns des autres

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les foyers de production. Il pense que quand même la distance serait suffisante pour arrêter la flamme d'un coup de grisou et atténuer la violence de l'effet mécanique, le flot irrespirable n'en arrivera pas moins à porter partout l'asphyxie. 11 insiste donc en faveur de la tendance à l'agglomération intensive, presque sans contre-poids. Par là

en effet le courant d'air peut être plus fort, étant moins disséminé, et il est plus facile de ventiler une grande taille de vingt ouvriers que dix chantiers de deux ouvriers. Cet ingénieur appuie également sur le danger des culsde-sac aérés par diffusion. Il fait remarquer que le relevé

de trente-quatre accidents survenus dans les bassins de Saône-et-Loire lui a montré que tous se sont produits dans des culs-de-sac. Il conviendrait donc de limiter, plus qu'on

ne le fait d'ordinaire, l'étendue de ces ouvrages dans la méthode en travers. De plus, il ne faudrait pas hésiter, quand l'un d'eux commence à donner du gaz, à le munir d'une gaine d'aérage empruntant l'air au courant général, quelque gêne qu'il en puisse d'ailleurs résulter pour l'exploitation.

Du reste, M. Delafoncl s'élève d'une manière générale contre la tendance à se retirer d'un quartier grisouteux en le barrant, dès qu'il devient menaçant. Il voudrait qu'au

contraire on insistât alors de manière à l'assainir pour supprimer cette source d'infection, au lieu de lui laisser déverser à loisir son g92 dans le reste des travaux. Il peut y avoir un côté juste dans cette appréciation si on la restreint à une sage mesure, mais elle ne saurait évidemment passer à l'état de règle absolue. L'abandon complet et le barrage étanche restent nécessairement rtatinta ratio dans des cas excessifs.

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M. Clermont voudrait voir développer davantage dans nos exploitations grisouteuses le principe des panneaux d'Angleterre. Il conçoit la tranche horizontale d'un gîte Puissant comme attaquée à l'aide de deux costresses, l'une