Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 116]

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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

ont fait dans le Lancashire l'expérience suivante : ils ont pratiqué dans la houille un trou de mine, de manière à le faire parcourir par un piston, et ils ont installé un manomètre indiquant' la pression dans ce tube. En tirant le piston, on déterminait un dégagement gazeux qui rétablissait presque instantanément la pression. Si alors on repoussait le piston dans le trou, le gaz refluait en divers points de la surface de la houille. En répétant l'opération, on arrivait à développer ainsi une grande quantité de grisou (1). On voit, en résumé, que, sauf un dégagement déjà ralenti qui se prolonge encore pendant un temps plus on moins long, la grande masse de gaz déversée dans la mine l'étant dans les premières heures, se trouvera, toutes choses

égales d'ailleurs, proportionnée à l'étendue des surfaces mises à vif chaque jour, et, par conséquent, à fort peu près en raison du tonnage de 1' extraction journalière, relation très importante à signaler entre ces deux éléments si essentiels.

25. Le grisou dans les mines métalliques. - Pour terminer cette question du gisement du grisou, je dirai encore que les mineurs ont parfois rencontré avec surprise ce gaz dans des gîtes métalliques. M. Daubrée a le premier fait connaître ce fait (2) dans l'ancienne exploitation de minerai de fer pisolitique de Gundershoffen (Bas-Rhin) et dans celle de Winckel (Haut-Rhin). Elles ont été l'une

et l'autre le théâtre d'un certain nombre d'apparitions de grisou, dont deux en 1824 et 1832, assez importantes pour

brûler des ouvriers. M. Resal , ingénieur en chef des mines, a cité une explosion analogue dans la mine de ler d'Exincourt. M. l'ingénieur en chef Castel mentionne de même une invasion de grisou qui a eu lieu le 15 novembre 1855 dans la mine de la Voulte (3). (i) Transactions of the North, etc., tome XXV, page 246. (2) Annales des mines, to série, tome XIV, page 33. (5) Annales des mines, 5' série, tome VI, page ph.

LES EXPLOSIONS DU GRISOU.

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M. Daubrée signale également, d'après un rapp(e de M. Furiet, ingénieur des mines, une inflammation de gaz en 1845 dans la mine de cuivre aujourd'hui abandonnée du Grand-Saint-Jean, près de Giromagny. M. Charlon rapporte aussi deux apparitions de gaz inflammable dans le gîte de cuivre pyriteux de Rocca Federighi (Toscane), qui se produisirent lors de la rentrée dans des travaux abandonnés (1). D'après un renseignement qui m'a été donné par M. Alfred Caillaux, plusieurs hommes ont été tués en 1845 par une explosion de grisou dans la mine métallique de Monte-Cattini, en Toscane. Ce gaz a paru, à trois reprises, à Pontpéan, où il suinte en ce moment à peu près en permanence. Comme la grande faille produite par la réouverture du filon a déterminé un rejet qui a mis une partie du gîte au niveau des terrains tertiaires, on avait pu croire à l'influence de dépôts ligniteux qui auraient existé dans ces couches. Duhamel rapporte même (2) «clu'on a « trouvé dans le filon un arbre tout entier, presque entièrement carbonisé, à plus de 200 pieds de profondeur. » 111e suppose, du reste, tombé de la surface au moment de l'ouverture. Mais diverses circonstances donnent à penser

que le grisou vient de la profondeur à travers le terrain

silurien. Il se rattacherait alors à la catégorie des grandes fontaines de gaz de la Chine, du pays de l'huile en Pensylvanie, etc., que leur extrême abondance, leur longue durée et leur situation géologique ne permettent pas toujours d'expliquer par la présence de gîtes de combustible minéral. On leur attribue, dans beaucoup de cas, une origine interne et directe, sans toutefois que les réactions chimiques capables de produire ces carbures puissent être actuellement précisées (5). (i) Comptes rendus mensuels, janvier 1879, page 6. (2) DoilAmEL : Géométrie souterraine. nexées, etc., page 145.

MASSIEU : Pièces an-

.3) On peut consulter, sur la double hypothèse relative à cette