Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 8]

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CONSTITUTION GÉOLOGIQUE

DE L'ISTHME DE PANAMA.

station, et la voie entre dans la vallée du rio Gatuncillo, qu'elle traverse dans sa largeur, peu considérable du reste, avant d'arriver à Tiger-Hill. Elle laisse ainsi à droite le petit massif de Miraflores, dont le pied est baigné par les eaux du Chagres, et dont la position isolée, au milieu des plaines environnantes, l'avait naturellement désigné, au temps de la conquête, pour l'emplacement d'un fort dont il reste à peine vestige aujourd'hui, mais qui devait autrefois commander absolument le passage, lorsque la rivière était le seul chemin praticable pour traverser l'isthme. Ce massif est forme à sa base par une roche gréseuse tendre, à petits éléments formés de quartz, de feldspath et d'amphibole avec un peu de fer oxydulé, et paraissant de même nature que celle de Monkey-Hill ; mais plus voisine du point d'origine, elle est par suite composée de maté-

Hill et Lion-Hill montrent la même roche, tantôt plus fine, tantôt plus grossière, mais de composition tout à fait similaire. C'est donc là certainement une formation importante : mais, bien que sur ce point la forêt impénétrable cède en partie la place à de magnifiques plantations de bananiers qui laissent le sol à peu près it-dé,couvert, l'épaisseur de la terre végétale empêche d'étendre les observations. A la sortie de la station de Lion-Hill, la voie ferrée re-

riaux plus grossiers. Cette formation, visible sur une épais-

seur de 5 à 6 mètres, est recouverte par une sorte de tuf trachytique blanchâtre dont les diverses assises, d'une pâte tantôt très fine, tantôt composée de grains plus grossiers, paraissent tout à fait identiques aux tufs de la formation importante de Barbacoas, que nous rencontrerons plus loin. Mais revenons au chemin de fer. Les roches de la Loma del Tigre (Tiger-Hill), dernier contrefort, du côté de l'Atlantique, d'une chaîne puissante qui va rejoindre au nord-ouest la haute vallée du Pequeiii, non loin du massif de Santa-Clara, sont loi-niées d'une sorte de tuf trachytique cristallin, dur, âpre au toucher, contenant des multitudes de débris de coquilles et de polypiers, et criblé notamment d'orbitolites. On y distingue à l' oeil tous les éléments des roches trachytiques du pays, et le micros-

cope confirme cette observation en y montrant des fragments de roches volcaniques et de nombreux cristaux d'orthose, de labrador, 'd'amphibole et de quartz. Toutes les tranchées de la ligne comprises entre Tiger-

tombe de nouveau dans les marais (Millers-Swamp) sur une longueur de 4 kilomètres environ, et ce n'est qu'après avoir dépassé les huttes d'Ahorca-Lagarto et le ruisseau de Juan-Gallegos qu'on rencontre sur la droite une série de collines basses, que je n'ai vues marquées ni sur la carte de Harrisson, ni sur celle de Wagner, ni même sur celle de MM. Wyse et Reclus, bien qu'elles aient une assez grande importance au point de vue géologique, et qu'elles aient été depuis longtemps déjà signalées par Garella, qui les avait du reste abordées de l'autre côté, par le Chagres. Elles sont en effet formées d'un calcaire blanchâtre, grenu, cristallin, traversé par des veines de spath, dans lequel l'examen microscopique dénote l'existence de grains

de feldspath mâclé, de globules calcaires à croix et à anneaux, qui prennent une très belle coloration sous l'action du polariscope, et enfin de grandes quantités de coraux, de foraminifères et en général de coquilles microscopiques, dont quelques-unes, rondes et cloisonnées à l'intérieur, se rapprochent beaucoup des nummulites. Ce calcaire qui se retrouve un peu plus loin, au pied de

la Sierra de Buhio-Soldado, n'apparaît pas sur la rive gauche du Chagres, où je n'ai trouvé, clans le coude que fait la rivière au-dessous de Vamos-Vamos, que des couches

de grès ou plutôt de sables agglutinés, dont la couleur varie du rouge au noir verdâtre, et qui proviennent évidemment de la décomposition et du remaniement des roches doléritiques et trachytiques du massif puissant que couronne