Annales des Mines (1880, série 7, volume 17) [Image 119]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

Le terrain crétacé est représenté par des couches à Orbitolines, à Caprotines et à Pyrina pypea, au-dessus desquelles apparaissent les grès de la craie. SANTORIN.

M. Fougue (1) vient de publier l'ensemble de ses longues recherches sur l'île de Santorin. L'éruption récente de 1866 a, comme la plupart des éruptions

volcaniques, donné naissance à deux catégories de produits : Io des matières volatiles ; e des laves épanchées en fusion plus ou moins parfaite, ou projetées à l'état de débris pulvérulents ou scoriacés. La composition des gaz émis a beaucoup varié durant le cours de l'éruption.

Au début des phénomènes, les laves étant encore au-dessous

du niveau de la mer, les mélanges gazeux étaient riches en éléments combustibles et surtout en hydrogène libre provenant de la dissociation de l'eau ; ils s'enflammaient au contact des roches

incandescentes et flamboyaient au milieu des blocs. L'éruption étant plus avancée, l'air pénétrait facilement dans les interstices des blocs et la combustion des gaz hydrogénés se faisait à l'intérieur même des laves, à l'abri du regard des observateurs. A côté de l'hydrogène libre et du gaz des marais, l'éruption a émis les gaz volcaniques ordinaires, acide chlorhydrique, acide sulfureux, acide carbonique, acide sulfhydrique, azote. Les deux premiers gaz ne se sont présentés que dans les points d'émission dont la température était supérieure à 1000; les trois autres se sont toujours montrés quelque fût la température. L'eau à l'état de vapeur a joué un grand rôle dans les diverses phases de l'éruption ; elle doit être considérée comme la cause immédiate des explosions.

Sur les points du volcan sièges d'une vive incandescence, le spectroscope a permis à M. I+ ou qu é de reconnaître la présence

de sels de soude et de potasse volatils. Après la cessation des phénomènes éruptifs, ces sels qui s'étaient déposés autour des orifices des fumerolles, ont été analysés. Leurs éléments constitutifs

se sont trouvés être du chlorure de sodium, du chlorure de potassium, des sulfates de soude et de potasse, des carbonates de soude et de magnésie. Or, l'eau de la mer, après évaporation laisse un résidu, qui par volatilisation fournit un dépôt analogue, (1) F. I, ouqué Santorin et ses éruptions, 1879 (extrait par M. Poirier).

237 Ce fait vient donc à l'appui de la théorie qui considère l'eau de la nier comme agent immédiat ordinaire des éruptions. Parmi les substances volatilisées dans les conduits volcaniques, il en est qui sont susceptibles de réagir les unes sur les autres et de produire des composés fixes. C'est ainsi que sont engendrés les oxydes de fer hydratés, le fer oligiste, le soufre, l'acide sulfurique libre, l'alun, le sulfate de chaux. Mais outre ces produits dont le mode de formation est bien connu, on trouve à la surface intérieure GÉOLOGIE GÉOGRAPHIQUE.

de cavités tubulaires semblables à des fulgurites, des cristaux d'anorthite, de sphène, et de pyroxène sous forme de fassaïte, et d'augite. Ces cristaux n'ont pu être déposés que par voie de volatilisation.

D'autres silicates cristallisés se rencontrent accidentellement dans les mêmes laves. Ces cristaux proviennent de la transformation de blocs calcaires arrachés au sous-sol de la région et enclavés dans les laves. Les principaux de ces minéraux sont : Panorthite,

l'augite, la fassaïte, le sphène, le grenat mélanite et surtout la wollastonite.

Pour l'analyse des laves, M. Fou qu é a eu recours à deux procédés : le premier, fondé sur l'emploi d'un électro-aimant puissant, permet d'isoler le feldspath ; le second, basé sur l'usage de l'acide

fluorhydrique concentré, permet l'extraction du fer oxydulé et des silicates ferro-magnésiens.

L'étude des laves récentes de Santorin a montré que la cristallisation des minéraux s'était opérée en deux temps : d'abord se sont développés des cristaux de grande taille ; puis se sont produits des cristaux de dimensions bien moindres. Les plus petits (microlithes) englobent et contournent les grands cristaux.

D'après M. Fou gué, les microlithes feldspathiques appartiennent en général à un terme plus élevé de la série des feldspaths, que les grands cristaux qu'ils accompagnent.

Les minéraux qui se présentent à l'état de microlithes dans la lave commune de 1866 sont le feldspath et le fer oxydulé titanifère. Le feldspath microlithique est l'albite mélangé à une assez forte proportion d'oligoclase. Le feldspath qui domine à l'état de grands cristaux est le labrador avec un peu d'anorthite, d'oligoclase et de sanicline.

Le tout est cimenté par une matière vitreuse, représentant le résidu de la cristallisation. Cette matière amorphe présente une composition peu différente de celle du feldspath albite, elle est toutefois un peu plus riche en silice et en potasse.