Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 102]

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ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

systèmes d'ajutages, dont l'application a pris dans ces derniers temps un essor si remarquable. Je vais m'expliquer plus clairement. En principe, on conçoit facilement que la pompe à air constitue

au fond un véritable gaspillage de travail. En effet, elle sert

à

extraire de force le contenu du condenseur malgré la pression de l'atmosphère. Mais on a eu à cet égard le tort de laisser perdre le travail de cette même pression quand elle s'est exercée sur l'introduction de l'eau. Celle-ci, en entrant sous l'impulsion de la pression atmosphérique, ou du moins de la différence entre cette pression et celle du condenseur, acquiert théoriquement une force vive capable de la faire ressortir malgré cette même pression (si on fait abstraction des résistances passives) ; de même qu'un corps pesant qui descend sur une pente acquiert une vitesse capable de le faire remonter de l'autre côté jusqu'au même niveau. Seulement on a laissé perdre cette force vive, comme le fait, pour continuer ma comparaison, un homme qui retient sur la pente une charrette à bras, et est alors obligé de la remonter par son propre effort sur la rampe opposée. Mais si au contraire il se lance en courant jusqu'au bas de la rampe, la force vive acquise fonctionne ensuite indépendamment de lui le long d'une hauteur correspondante. Or, dans le cas actuel, non-seulement on a laissé perdre cette force vive, mais, en outre, cela a eu lieu de la manière la plus fâcheuse,

car elle s'est convertie en chaleur dans une enceinte pour la-

quelle on ne recherche que le froid. Il conviendrait donc, pour un double motif, de chercher à employer cette force vive à faire ressortir le tout du même coup qu'il s'est introduit. A la vérité, ce raisonnement néglige la considération des résistances passives, celle de l'eau produite par la vapeur et distincte de l'eau froide introduite, et enfin des difficultés qui tiennent à l'air dissous dans cette dernière et se dégageant dans l'intérieur. On ne trouve donc plus dans ce qui précède une compensation exacte, mais seulement un premier appoint auquel il devient nécessaire d'ajouter un complément de travail extérieur. Mais on rencontre précisément celui-ci dans la vapeur d'échappement qui a encore conservé une certaine tension. Il s'agit seulement de savoir si ce secours sera suffisant. Or ce n'est là qu'une affaire de degré de détente. Si celle-ci était complète, c'est-à-dire poussée jusqu'à la

pression même du condenseur, on ne trouverait plus rien à recueillir sous ce rapport. Mais si, au contraire, comme cela a lieu dans la pratique, on en reste suffisamment loin, il est clair qu'on obtiendra par là tout ce qu'on voudra de force. Peut-être, à la

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vérité, sera-t-il nécessaire pour cela de sacrifier un peu du travail qui eût pu, sans cette circonstance, être emmagasiné sur le piston moteur. Cette partie représentera alors une fraction de la puissance qu'eût consommée la pompe à air, mais seulement une fraction, et dans tous les cas on aura bénéficié (indépendamment de ce que j'ai expliqué pour la pression atmosphérique) de la différence de tension qui subsiste toujours entre la fin de la détente et la pression du condenseur. Telles sont les idées assez simples à l'aide desquelles il me semble possible, sans aucune théorie compliquée, de se faire une idée juste du fonctionnement des éjecteurs si ingénieux que l'on doit à MM. Cherry, Kcerting, N.lorton (i.), Mac-Carter (u), etc., et dont les dispositifs dérivent du reste très directement de celui de l'injecteur Giffard.

Ils présentent notamment cet avantage de pouvoir s'adapter aux

machines les plus rapides pour lesquelles l'emploi de la pompe à air présenterait bien des difficultés. Ils conviendraient assez naturel-

lement pour les moteurs d'extraction. On sait que l'introduction de la condensation dans ces machines, malgré certaines difficultés, est prônée par beaucoup de bons esprits, et que Gallon y attachait une réelle importance. L'un des principaux obstacles en pareil vécas est l'encombrement qui serait ainsi supprimé. Il reste à la machines, à savoir celle de l'interrité la difficulté inhérente à ces mittence de leur fonctionnement, qui placerait, pour ainsi dire, perpétuellement l'éjecteur dans les conditions particulièrement difficiles de sa mise en train ; mais cette objection pèse aussi dans une certaine mesure sur l'emploi de la pompe à air. Cette tentative a du reste été effectuée à Bank Hall Colliery, mais avec un condenseur Mac-Carter, qui lève l'objection en question par une dépense directe de vapeur qu'on ne trouve pas dans les autres appareils ue je viens d'énumérer. Le Mac-Carter, si on lui donne l'importance suffisante, peut très-bien jouer le rôle d'une machine condensante et s'appliquer à plusieurs moteurs à la .fois. Un seul appareil de ce genre conduit six machines dans l'imprimerie Dewhursh à Aspley. (t) Rankine, Bulletin de la Société d'encouragement, 1870, page 346. Ledieu : Nouvelles machines marines, PL V, fig. 25. Annales des mines, série, tome XV, p 85. Compte rendu nzensuel, mai 1877. Revue universelle des mines et des usines, tomes XXV-XXVI, page 413. (.) The Engineer, 1876, page