Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 59]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

seul capable de fournir des naissances d'une solidité acceptable, La section du puits fut élargie en forme de cône renversé. Sur un massif de remblai reposant au fond du puits, on établit dans cet espace tronc-conique un lit de béton de scories destiné à porter les cintres nécessaires pour la pose de la plate-cuve. Celle-ci a la forme d'un rectangle de 1tm,C15 sur 5m,6o, formé de 35 voussoirs répartis en 5 bandes de 7 chacune. Les 2 bandes centrales rectangulaires sont formés de clefs, et leur point de croisement d'une clef principale, soit en tout, outre cette clef principale, 10 clefs ordinaires et ntt voussoirs proprement dits. Quatre feuilles de caoutchouc vulcanisé de o',0025, avec des toiles interposées, formèrent

les joints entre les quatre faces de l'ouvrage, et les naissances refouillées dans le sel gemme. Entre les divers voussoirs on se

contenta d'une mince couche de mastic Serbat délayé dans l'huile de lin. En outre, on eut soin de mater des lames de cuivre jusqu'à refus dans des rainures de 20 millimètres sur 5, ménagées à la partie supérieure de tous les joints métalliques. La principale difficulté était d'empêcher les naissances d'être corrodées par les eaux supportées par l'ouvrage. Il était donc nécessaire de les éloi. gner de la plate-cuve. A cet effet, on disposa d'abord une couche de om,65 d'épaisseur d'un béton formé de deux parties de ciment

de Vassy, une de sable fin lavé et une de petits cailloux de la grosseur d'une noisette. Au-dessus se trouvaient un massif d'argile corroyée de t o mètres de hauteur, et enfin une niasse de sel destinée ri

à saturer cotnplétement une certaine quantité d'eau que sa densité retiendra indéfiniment sur ce point. Si donc des suintements venaient à se produire, malgré toutes ces précautions, jusqu'à la plate-cuve, ils seraient impuissants à en dissoudre les parois. Je citerai encore les serrements métalliques que l'on prépare à Pontpéan, en prévision des venues d'eau inattendues. On dévie dans le mur la galerie d'allongement pratiquée dans le filon afin d'y trouver des roches plus solides. On y scelle un cadre en fonte qui présente un évidement égal à la section de la galerie. Une porte métallique est assemblée à charnière sur le côté horizontal supérieur du vide rectangulaire. Elle est relevée et maintenue par des appuis provisoires contre le plafond, du côté d'où l'on attend les eaux. On n'a, au moment voulu, qu'à enlever ces appuis: la porte tombe. Des échancrures ont été ménagées dans le cadre pour les rails, des boulons y sont fixés d'avance, et leurs logements sont préparés. Il suffit de les serrer par derrière et de calfater tous les joints, pour obtenir une défense au moins provisoire. On a également préparé à Pontpéan des serrements ordinaires

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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en charpente. Les attentes sont dressées d'avance. Toutes les pièces

sont prêtes et placées à pied d'ceuvre, de manière qu'on n'ait, le cas échéant, qu'à les prendre sans aucun transport, et à monter l'ouvrage aussi vite que possible. Mines sous-marines. C'est ici le lieu de parler des travaux qui sont pratiqués sous la mer (i). Je rappelle d'abord l'existence de quelques mines sous-marines déjà anciennes. A la côte du Cumberland, la mine de Iluelcock, située dans la paroisse de SaintJust, s'avance sous la mer à 15o mètres du rivage. L'épaisseur de la couronne se trouve parfois, dans les parties riches, réduite, par une extrême imprudence, à tm,20, et l'on entend nettement le roulement des galets remués par la houle. Les mineurs y sont parfois obligés de se défendre contre les infiltrations en calfatant les fissures de la roche comme ils le feraient des flancs d'un navire. Cependant on n'y est véritablement gêné que par des venues d'eau douce. Les conditions sont à peu près les mêmes à la mine de plomb de Perran-Zabuloc. A la côte de Cornouailles, la mine de Botallach s'avance à no mètres au large ; celle du Levant encore plus loin. A Whitehaven, les galeries s'éloignent à une distance de la côte qui, mesurée en ligne droite, atteint 5.600 mètres. On a rencontré sous les eaux de la baie de Restronguet, près Truro (Angleterre), un dépôt d'étain d'alluvion (2). On l'avait suivi d'abord en refoulant la mer derrière de grandes digues, qui ont été rompues en i800 par une tempête, et dont on voit encore les traces. L'exploitation vient d'être reprise en 1871. Un puits de 23',Go de profondeur et im,80 de diamètre a été, pour l'aérage, foncé en pleine mer, au milieu même de la baie, protégé par un solide bâtardeau. Le cuvelage en fonte a été enfoncé à la trousse coupante à l'aide de charges atteignant 250 tonnes. On les amenait à la mer haute dans des barques amarrées sur le cuvelage, de manière à peser sur lui à la marée basse. La nature vaseuse du terrain et le peu d'épaisseur de la couronne oblige à boiser trèssolidement les galeries de service. On laisse au moins 9 mètres d'épaisseur, et l'on arrive de cette manière à pouvoir exploiter par éboulement, quelque paradoxal que cela puisse paraître à priori dans de telles circonstances. On s'avance à contre-pente à (t) Bergeron: Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Lyon, 1874, page 162.

(2) Taylor, Bulletin de la Société d'encouragement, 3e série, t. Il, p. 3to. Crozat, Compte rendu mensuel, août 1876, page 12.