Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 57]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

a 345 mètres de profondeur, la manoeuvre dure 55 secondes et l'ensemble du trait iG heures. A Lens, on a réalisé ce chiffre de 1.60o tonnes, tout compris. A Newcastle et dans le Sunderland, 'on aurait même, paraît-il, atteint le total exorbitant de 1.750 tonnes, Extractions secondaires. Indépendamment de la grande extraction, on opère souvent dans les mines des transports verti-

caux sur une faible hauteur. Les anciens treuils à bras ont été beaucoup perfectionnés. Certains puits possèdent des treuils à vapeur spécialement destinés à opérer le sauvetage des cages suspendues sur le parachute. MM. Muller et Roux, ainsi que les usines de Marcinelle et Couillet, en ont répandu des types dans lesquels

on a placé sur un même châssis roulant le treuil et sa chaudière, La vapeur est également employée dans le monte-charges Chrétien (1), qui rend d'utiles services dans certains ateliers de préparation Mécanique. A Bully-Grenay, on se sert, dans le fond, de treuils à air comprimé, très-bien combinés, dont un modèle figurait à l'Exposition universelle. Deux cylindres à 45° à détente variable reçoivent l'air au moyen d'une seule came, de manière à pouvoir marcher dans les deux sens (2). MM. Sauter et Lemonnier ont également fait figurer à l'Exposition un modèle de treuil à air comprimé, muni du frein Mégy qui s'engage de lui-même au delà d'une certaine allure. Je signalerai ici un monte-bois établi au jour à Carmaux. Deux paires de poulies tournent de conserve sur deux axes horizontaux placés l'un en haut, l'autre en bas. Deux chaînes sans fin vont de l'un à l'autre et portent des crochets sur lesquels on installe les bois, qui montent ainsi à peu près comme l'eau dans les godets d'une noria. A côté des monte-charges il faut citer les descend-charges. Les

balances sèches sont connues de tout temps. On sait que leur principe se résume à disposer verticalement dans un bure le mécanisme ordinaire des plans inclinés automoteurs. A la Grand'Combe, au lieu du frein ordinaire, M. Graffin a introduit un robinet d'étranglement du mouvement de l'eau dans un circuit fermé. Parfois on a employé la contre-vapeur à détruire l'accélération produite par la descente verticale des remblais, comme on (r) Bulletin de la Société de l'industrie minérale, ze série, t. IV, p. 623.

(2) Compagnie des houillères de Béthune, exposition universelle, PI. V, 1878, Paris. ,In-4°.

9i le fait dans les locomotives pour la descente du train sur les déET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

clivités des chaînes de montagne.

Quelquefois les balances sèches jouent seulement un rôle accidentel sur quelques points de l'intérieur. Dans certains cas, qui ne constituent pas des modèles à imiter, on en a introduit un emploi systématique qui faisait partie intégrante de la méthode d'exploitation. Dans une houillère de Zwickau, on divisait une couche épaisse en deux tranches inclinées prises avec foudroyage du toit. Les plans inclinés étaient établis de suite sur le mur, et on y descendait les matières de la tranche supérieure par des bures, en négligeant ainsi la facilité que présente cette méthode pour passer horizontalement d'une tranche à l'autre. A Plauen, on disposait perpendiculairement à la costresse de fond des traversbancs à la projection des montages, et des bures y descendaient les matières des diverses galeries de sous-étages. C'était un énorme traçage que l'on n'a pas tardé à abandonner.

Un emploi bien plus rationnel des balances sèches consiste, à faire à deux niveaux à la fois la manoeuvre des cages à deux étages,

et à descendre ensuite dans la balance les charbons supérieurs sur le plan général du carreau. Il y a à cela l'avantage de supprimer la manoeuvre du mécanicien, qui prend du temps, occupe son attention, et, se faisant en pleine pression, perd beaucoup de va-

peur, tandis qu'on se préoccupe précisément de l'économie par l'emploi de la détente en marche, malgré les inconvéniens qu'elle entraîne.

On y a aussi recours comme descenderies de remblai. Je signa-

lerai sous ce rapport une disposition très-ingénieuse, installée par M. Sévin à Carmaux. On y emploie un treuil à deux rayons pour monter les wagons vides plus haut que le point d'où viennent les wagons pleins, comme dans les plans bisautomoteurs. Le descend-charges hydrostatique de M. Graffin à la Grami'Combe mérite aussi une mention particulière. Le plateau destiné à rece-

voir le wagon plein qu'il s'agit de descendre repose sur un cylindre creux qui flotte par lui-même sur l'eau d'une cuve, mais s'y enfonce sous ce poids additionnel. La descente est d'abord rapide, ce qui a l'avantage de gagner du temps, niais elle s'amortit d'ellemême pour opérer l'arrivée sans choc. En effet, l'immersion d'un volume de plus en plus grand ralentit le mouvement et, l'arrêterait même bientôt tout à fait, si l'on n'avait ménagé une série de trous dans la zone ainsi immergée. Ces trous constituent autant de voies d'eau par lesquelles le liquide s'introduit 'dans la colonne et la fait couler à fond comme un navire en perdition, mais lentement et