Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 29]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

çage à niveau bas, pour s'assurer ensuite l'avantage de la solidité et de la souplesse des anciens cuvelages, éprouvées par l'expérience d'un siècle. L'habile directeur de la Compagnie de Sarre-etMoselle, M. Lévy s'est constitué, au contraire, le défenseur du procédé Chaudron, avant l'invention duquel le bassin de la Moselle avait vu se produire des échecs mémorables après de formidables dépenses : 1./too.000 francs avant l'abandon du puits de Falk, 5.709.000 francs avant l'arrêt du puits de Merlebach, au bout de sept ans (1). Le puits de Carling a réussi et son cuvelage a été assis à 161 mètres, mais après une dépense de 2.200.000 francs et quatre ans et demi d'efforts, ce qui, rapporté à l'unité de longueur, représente plus de loo jours et de 15.600 francs par mètre courant. L'une des principales objections faites au système Chaudron porte sur la raideur absolue de la colonne métallique dans des terrains susceptibles de mouvements transversaux, et aussi la grande difficulté de réparer ses avaries. Mais, d'une part, la double catastrophe de Maries a montré que les cuvelages ordinaires ne sont pas absolument garantis contre ces effets, et de plus, M. Lévy a pris soin de rassembler, dans le mémoire que j'ai cité, un certain nombre d'exemples de réparations de tubes Chaudron. Ces accidents proviennent le plus souvent de ce que le terrain travaille pendant

le sondage et ovalise la section. Dès lors la colonne a peine à passer ; il faut forcer son introduction ; sous l'influence de cette pression, il peut se produire un choc au moment où l'obstacle cède et le cuvelage peut en être brisé. On a réussi à aveugler des fissures au moyen de plaques de cuivre bien rivées. On a aussi quelquefois passé un anneau de fonte d'un diamètre exactement suffisant en l'assemblant avec l'anneau fêlé au moyen de plomb maté avec soin. Parfois, après avoir réussi à poser des trousses picotées dans le terrain solide, on les a prises comme base d'un nouveau cuvelage élevé dans l'intérieur jusqu'au-dessus de la partie endommagée, quand elle est près du fond. Un accident des plus critiques, survenu dans la descente du cuvelage n" 5 de Maries, a mis sur la voie d'une modification du pro-

cédé, qui est en train de prendre rang dans la pratique courante, pour certains cas au moins (2). Un défaut d'étanchéité du joint inférieur admettant l'eau avec une vitesse toujours croissante, celle-ci montait de o",30 à l'heure dans la colonne. Les tirants de suspension se trouvèrent surchargés et l'un d'eux se rompit. Il Lévy : Bulletin de la Société de l'industrie minérale, 2e série, tome VI. Delcommune, Compte rendu mensuel, janvier 1877, p. 7.

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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restait encore douze pièces à poser, ce qui représentait le travail de trois jours avec le mode ordinaire. En présence d'une catastrophe imminente, les ingénieurs de Maries et de la Société Chaudron prirent un parti héroïque. On jugea qu'on pouvait, en supprimant les tirants et se bornant au travail d'assemblage, monter la colonne assez vite pour maintenir à peu près constante la distance

entre le bord supérieur et l'eau. On détela donc tous les tirants les douze anneaux furent posés en deux jours, la boîte à mousse

fonctionna et le succès fut complet. Les ingénieurs de la Compagnie

Chaudron ont vu là un encouragement à employer ce procédé

pour le second puits de Maries, dès que l'assemblage de la boîte à mousse, du faux-fond et de quelques anneaux y ont constitué un tube flottant. La charge d'eau se réglait comme à l'ordinaire et la vitesse s'est trouvée doublée. De là une tendance actuelle à supprimer le tube d'équilibre, sur la valeur de laquelle une pratique plus prolongée pourra seule décider.

MM. Tillier et Passelecq ont imaginé une modification plus radicale encore (1). Dans leur système, les anneaux sont indépendants et descendent l'un après l'autre. Des biseaux de caoutchouc,

disposés sous leur surface inférieure, se compriment entre eux ainsi qu'entre le premier et le fond du puits pour assurer l'étan-

chéité. Trois oeillets sont pratiqués dans les oreilles de ces anneaux et servent à les guider avec précision le long d'autant de tiges verticales. Les inventeurs attendent de cette manière de procéder plus de vitesse et par suite moins d'éboulements des parois, la facilité

de pouvoir passer des cureurs en tout temps pendant la descente, et une certaine flexibilité de l'ensemble. La pratique seule

pourra décider de ce qu'il y a de fondé dans ces espérances,

malgré les appréhensions de la plupart des praticiens. Ces joints de caoutchouc figuraient au Champ-de-Mars, dans 1:exposition de M. Somsée de Liège.

Fonçage sous aloi. Le procédé de réavalement des puits, en passant sous le fond est souvent appliqué (2). On y trouve l'avan-

tag'e de ne pas interrompre le service et de pouvoir établir des chantiers à diverses hauteurs pour activer le fonçage, de même (t) Laguesse, Revue universelle des mines et des usines, 1877, t. I, p.447. (2) H. Glépin : Fonpge sous stot (Revue universelle des mines el des usines, tome XXXI, page t). Demanet : Fonçage des puits en montant (Annales des travaux publics de Belgique, tome XXVIII, page 77).