Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 76]

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ÉTUDES MÉTALLURGIQUES.

unir le titane à l'acier, et, dans une fonte blanche, préparée

par M. Ponsard avec du fer titané, je n'ai trouvé que

o,002 de titane, et encore peut-on se demander si cet élément ne s'y trouve pas simplement incorporé à l'état oxydé. On sait, d'ailleurs, que le fer titané rend froide l'allure des hauts-fourneaux, et que l'acide titanique se retrouve en grande partie dans les laitiers. Dans la scorie, provenant des essais au réverbère de M. Ponsard, j'ai trouvé to p. ioo d'acide titanique, 37 de silice, 52 de chaux, 18 de protoxyde de fer et 3 d'alumine. La fabrication de l'acier au tungstène est aujourd'hui de pratique courante dans beaucoup d'usines se servant de creusets. On l'emploie pour les ressorts et divers outils. Le tungstène est ajouté sous forme de wolfram, réduit à l'état fritté ou transformé en culot fondu. M. Biermann, dont l'usine est à Hanovre, fournit, outre le wolfram réduit, de la fonte de fer au tungstène et du tungstène métallique presque pur. Dans un échantillon de fonte, titrée à 25 p. 100 et provenant de son établissement, j'ai trouvé 2 2 p. ioo de tungstène en décembre 1874. La réduction du wolfram se fait très-facilement au rouge lorsqu'il est mêlé à un réductif charbonneux. Étant, il y a vingt ans, ingénieur conseil de la mine de Puy-les-Vignes (Haute-Vienne), j'y fis installer pour cette opération un

four à galères pourvu d'une série de tubes verticaux en terre réfractaire. La réduction fonctionnait d'une façon continue : on chargeait par le haut le minerai sableux, mêlé de charbon et de brai, et on le retirait à intervalles égaux par le bas, sous les banquettes voûtées du four. On l'y recueillait dans un étouffoir, puis on séparait facilement le charbon en excès, après refroidissement complet du mélange. On obtenait ainsi un alliage fritté de fer, de manganèse et de tungstène qu'on ajoutait en faibles doses lors de la fusion de l'acier cémenté au creuset. Depuis lors, en 1876, l'usine de Terre-Noire a fabriqué

ALLIAGES DIVERS DE LA SÉRIE FERACIER-FONTE.

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la fonte au tungstène dans un four Siemens à sole en car-

bone, et plus récemment, en 1878, au haut-fourneau même, comme le ferro-manganèse. Cette double fabrication a été installée par les soins de M. Pourcel, l'habile ingénieur des hauts-fourneaux de Terre-Noire.

Pour la fabrication au réverbère, on mêlait au wolfram pulvérisé un cinquième de son poids de houille en poudre, et les fondants nécessaires pour avoir une scorie ferreuse et manganésifère à 25 p. ioo de silice; comme le minerai était peu quartzeux, on ajoutait en général du feldspath, et, pour augmenter sa fusibilité, un poids de spathfluor à peu près égal à la moitié de la scorie en question. La

charge étant faite, on chauffait d'abord graduellement pour que la réduction eût le temps de s'opérer ; puis, au moment où la surface commençait à fondre, on ajoutait du ferro-manganèse en petits morceaux qu'on incorporait

à la charge à l'aide de ringards en forme de crochets. Le triple alliage de fer, manganèse et tungstène fondait alors facilement, après quoi on le coulait à la façon de l'acier Martin ordinaire; mais il est évident que ce mode de fabrication devait être assez coûteux. Il est, en effet, plus simple de fabriquer l'alliage triple au haut-fourneau même, comme le ferro-manganèse. Dès 86o, M. Kôller de Vienne avait obtenu, à l'usine de Mutterhausen (Alsace), dans un simple cubilot, une fonte

à 10 p. ioo de tungstène, dont on se servit pour des essais de puddlage. Le succès du traitement direct au hautfourneau ne pouvait donc être mis en doute. Il réussit effectivement à Terre-Noire vers les premiers mois de 1878 (*).

En chargeant le wolfram avec des minerais de fer et de manganèse et un dosage ultra-basique, le vent étant fortement chauflé, on obtient une fonte au tungstène blanche, (*) Voy. l'État présent, etc., précité, p. 859 .