Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 66]

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ÉTUDES MÉTALLURGIQUES.

biais ferrugineux, retenus par les briques, étaient remplis de carbone ferrugineux, qui avait rompu le mur par le fait de l'énergique foisonnement qui en résulta. Les faits en question furent observés dans quelques au-

tres hauts-fourneaux de la même contrée, mais non dans tous ; il semble donc résulter des observations faites, que les briques, sujettes à se désagréger par l'action de l'oxyde de carbone, sont bien celles qui offrent le double défaut d'être poreuses et tachetées d'éléments ferrugineux. Il se pourrait aussi que la destruction des briques fût rendue plus rapide dans les fourneaux où les gaz, par suite d'un vicieux mode de chargement, suivent de préférence les parois de la cuve.

Outre le dépôt charbonneux, dont je viens de parler, M. Pattinson a constaté, sur les briques intérieures du haut-fourneau de MM. Gilkes et Cle, un enduit fondu blanc,

ressemblant à de la porcelaine, mais déliquescent à l'air.

Il avait, sur certains points, jusqu'à om,20 à 0',22 d'épaisseur. Il se composait surtout d'un silico-aluminate de potasse et de soude ; la proportion de potasse dépasse 2 p. ioo et celle de la soude 6 p. too. Cet enduit résulte évidemment de' l'action des vapeurs alcalines sur les briques. Ces vapeurs se forment dans la région de fusion. On sait en effet, depuis longtemps, que le potassium s'y rencontre à l'état de cyanure, et une analyse, que je citerai ci-après, prouve qu'il y existe aussi combiné au soufre. Le dépôt charbonneux du fourneaux d'Anzin s'accumule surtout dans l'encoignure du ventre ; c'est un espace inerte ou plutôt nuisible. Plus les étalages sont plats et moins les charges se meuvent facilement. Des accrochages s'y for-

ment, et, avec ces accrochages, des dépôts charbonneux, dont les chutes irrégulières troublent l'allure du fourneau. On évite ce grave inconvénient en reliant directement, par un tronc de cône unique, le ventre au fond du creuset ; c'est la forme conseillée, par d'autres motifs, dans mon dernier mémoire sur les hauts-fourneaux.

PRODUITS SECONDAIRES DES HAUTS -FOURNEAUX.

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En adoptant ce profit rationnel, le dédoublement de l'oxyde de carbone rend en réalité de véritables services. Partout où la température est au-dessous de 600° C. et la proportion d'oxyde de carbone suffisamment élevée, le carbone se dépose à l'état floconneux ; il pénètre les fragments de minerai, puis, entraîné par les charges, atteint bientôt la zone incandescente, où la température est assez

élevée pour achever la réaction du carbone divisé sur l'oxyde restant. En fait, le carbone fait de la sorte, jusqu'à un certain point, le mouvement de navette. L'oxyde de carbone est dédoublé dans les régions supérieures, puis reformé dans les zones inférieures par la réaction du charbon pulvérulent sur l'oxyde de fer. Ce qui précède était écrit lorsque je reçus de M. Lirnbor,

ingénieur-directeur de l'usine Frédéric-Wilhelm, sise à Mülheim sur la Ruhr, un mémoire qui vient de paraître (1879) dans les nwi 37 et 38 des Annales, fur Gewerb und Bauwesen. L'auteur cite la notice de M. Pattinson, dont je viens de parler, puis mentionne des faits tout à fait analogues, qu'il a observés dans ses hauts-fourneaux de 'Mülheim. Là aussi les briques réfractaires sont tachetées de nodules ferrugineux, provenant de pyrites contenues dans les argiles, et ces nodules ont donné lieu à des dépôts charbonneux qui ont amené la désagrégration très-prompte des briques. De plus, comme à Middlesbrough, on a trouvé à l'intérieur, après la mise hors, une croûte de sels alcalins déliquescents, et, sous cette croûte, les briques sont plus ou moins imprégnées de potasse et de chlorure de potassium. Pendant la campagne, d'ailleurs fort courte, les briques ont été promptement rongées, et on a dû, à diverses reprises, refaire une partie de la cuve ; puis finalement asperger d'eau toute la surface extérieure de la cuve réfractaire pour la maintenir intacte. Selon M. Limbor, la destruction résulterait tout autant

de l'action des vapeurs alcalines que de celle du dépôt