Annales des Mines (1878, série 7, volume 14) [Image 303]

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BULLETIN.

BULLETIN.

NOTE STATISTIQUE SUR L'INDUSTRIE DU FER AUX ÉTATS-UNIS EN 1876

laires bien inférieurs et à des frais de transport beaucoup moindres. Ils ne peuvent viser qu'aux marchés du Canada, du Mexique, de l'Amérique centrale et des Indes occidentales.

Par 31. G. ROLLAND , ingénieur des mines.

Pour les produits manufacturiers, au contraire, les Etats-Unis sont arrivés à exporter sur des marchés où l'Angleterre avait l'avantage

Il y a 20 ans encore, les Etats-Unis étaient une colonie commer-

ciale de l'Angleterre. Après la guerre de sécession, à l'abri des tarifs protecteurs de i.861, les Américains du Nord, tirant parti des

ressources immenses dont la nature avait doté leur pays et déployant un génie d'entreprise tout à fait remarquable, créèrent une industrie indigène et conquirent,'Otypeut le dire, une seconde indépendance. Il y eut alors un entraînement général vers les affaires, puis une ère de prospérité inouïe. Les salaires atteignirent des taux inconnus. Les exemples de bénéfices faciles et rapides devinrent de plus en plus nombreux. Malheureusement l'esprit de spéculation s'empara peu à peu de toute la nation. L'industrie prit un développement anormal. Les ressorts de la fortune publique furent tendus à l'extrême,' jusqu'à rompre. En 1875, à la suite de quelques faillites retentissantes, éclatait aux États-Unis une catastrophe financière qui eut son contre-coup jusqu'en Europe. Plus qu'aucune autre, l'industrie du fer avait été forcée et eut fi souffrir de la crise. Des mines avaient été ouvertes, des usines construites pour alimenter des travaux de chemins de fer ou autres, entrepris dans des vues de spéculation. Aussi la capacité de pro-

onction 'était-elle devenue bien supérieure aux besoins 1875, la plupart des commandes s'arrêtèrent; une acharnée, s'éleva entré' les producteurs indigènes. réelAprèà

colleurrencébientôt

En 1876, époque à. laquelle je visitai les États-Unis, plus dela moitié

des hauts-fourneaux étaient éteints ; des stocks considérables

de

fers de toutes sortes encombraient le S marchés ; les cours n'étaient

plus rémunérateurs pour une grande partie des usines.,Seule, la fabrication Bessemer se soutenait, grâce, d'une part, à la faveur dont jouissaient ses produits, d'autre part, aux progrès des installations américaines et aux mécanismes perfectionnés introduits dans les usines des États-Unis.

Leur production excédant leur consommation, les Etats-Unis doivent tendre à exporter. Pour les fers bruts ou peu travaillés, ils ne sauraient entrer en concurrence sérieuse avec l'Angleterre qui, disposant de ressources naturelles également abondantes et d'un aussi bon outillage, possède plus de capitaux, paye des sa-

du fret, et cela malgré un prix généralement plus élevé, grâce à la qualité. Leur succès, dans la fabrication de certains produits finis, tient à la valeur de leur ouvrier, d'autant mieux cultivé qu'il est mieux payé, et à la réduction de leur travail manuel, par suite de nombreuses inventions mécaniques provoquées par un remarquable système de brevets. Parmi les articles d'exportation américaine, je citerai les locomotives des ateliers de Baldwin, à Philadelphie, exportées au Canada, dans l'Amérique du Sud et en Russie, au nombre de 15 en 1870, de 19 en 1871, de 45 en 1872, de 96 en

1875, de 48 en 1874, de 18 en 1875 et de 40 dans les 4 premiers mois de 1876; les ponts métalliques de l'établissement de Phoenixville, en Pennsylvanie, dont plus de 40 avaient déjà été construits, en 1876, pour les chemins de fer du Canada, et d'autres pour l'Amérique du Sud ; les wagons de chemin de fer, dont 1.760 ont été expédiés, du milieu de 1875 à la fin de 1875, au Mexique, à. l'Amérique du sud, à l'Angleterre, à. l'Allemagne, au Canada, à l'Australie

aux Indes occidentales et à la Turquie ; les machines agricoles, demandées en quantités croissantes, principalement par l'Allemagne et l'Angleterre ; les balances, les pompes à incendie, les machines à coudre, les armes à. feu, etc. Les prix de certains objets spéciaux se sont même abaissés, malgré les tarifs protecteurs,

grâce aux progrès résultant de la concurrence intérieure; les clous, dont la fabrication à la machine est d'invention américaine, ne coûtent plus que 0`,2.5 le kilogramme; de même pour les scies, les haches, la coutellerie, la quincaillerie, etc. Ainsi donc, aux prix actuels, les Etats-Unis exportent certains articles manufacturés, même sur des marchés alimentés jusqu'ici

par l'Angleterre. Mais cela ne saurait suffire à l'écoulement de leur excès de production. Pour développer leurs exportations, les étendre aux produits moins travaillés et moins spéciaux, leur ouvrir des débouchés autres que l'Amérique et les Indes occidentales, ils auraient besoin de réduire considérablement les prix de revient de leurs fontes, fers en barres, rails, etc., et c'est en quoi il est douteux qu'ils réussissent dans une assez large mesure. Cependant leurs efforts dans cette voie sont intéressants à observer. La nécessité universellement sentie de l'économie a déjà porté ses fruits. L'intervention des districts de l'Ouest fut un nouvel ai-