Annales des Mines (1878, série 7, volume 14) [Image 20]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

20

MINIÈRES DE LA HAUTE-MARNE. V.

OXFORDIEN INFÉRIEUR.

Une classe de minerais d'alluvion que sa position géologique rattache à la zone précédente et qui nous paraît être le produit du lavage sur place de cette couche, avec des transports à faible distance, a joui pendant un certain temps d'une importance bien plus Minerais d'alluvion.

considérable dans la métallurgie du pays.

Ce gisement est caractérisé par sa pauvreté même et par la petitesse des grains qui le composent, et qui lui a fait donner le nom de minerai miliaire. On le rencontre dans la Haute-Marne sur une très-grande surface, tout le long du chemin de fer de Châtillon-sur-Seine à Chaumont et à Neufchâteau, et sur une largeur qui varie de 4 kilomètres à 4 ou 5oo mètres, c'est-à-dire à peu près sur toute l'étendue où le corn-brash forme le sous-sol : parfois même, exceptionnellement, il dépasse ce terrain et se rencontre sur le forest -marble ; ce cas ne se présente guère qu'a Chaumont même, et sur une très-faible étendue, parce que là seulement, grâce à la vallée de la Suize, le forest-marble se trouve en un point au-dessous du plateau formé par le corn-brash. Partout ailleurs, par suite de la pente générale des couches vers le nord-ouest, et malgré sa position sousjacente, le forest-marble domine le corn-brash, et le lavage des couches placées sur le corn-brash n'a pu entraîner de minerai sur le forest-marble. Les diagrammes Pl. I, fig. 14, 15, 16, indiquent cette disposition d'une manière générale pour les trois parties distinctes de cette région. Le premier s'applique à la zone comprise de Chaumont (ou mieux de Villiers-le-Sec) à Bologne ; dans cette partie la Marne court sud-nord, parallèlement aux côtes d'Alun et forme à la fois la limite du plateau et de la zone ferrifère. Dans les deux autres, les cours d'eau sont disposés sensiblement suivant la pente naturelle des couches, c'est-àdire sud-est, nord-est; le second diagramme représente une

MINIÈRES DE LA HAUTE-MARNE.

21

coupe dans cette direction, relative aux environs de Latrécey ; le troisième, une coupe analogue près de Manois la différence entre ces deux coupes consiste dans la position de l'affleurement, par rapport au fond des vallées et dans la présence ou l'absence du corallien pour former le sommet des coteaux. La vue de ces croquis semble bien indiquer ce que nous admettons, c'est-à-dire que la couche à minerai s'est jadis étendue sur une partie importante du corn-brash, puisqu'elle y a été lavée pendant les érosions et qu'elle y a laissé les minerais mélangés d'argile tels qu'on les y rencontre. Nous devons ajouter, pour être complet, que dans le sud-est du département, et par suite de la grande faille de Chassigny qui a changé la position relative des terrains sur plus de 200 kilomètres, on retrouve les mêmes marnes oxfordienr.es, toujours accompagnées de leur cortège de minerais miliaires, absolument pareils à ceux dont nous venons d'indiquer la situation. On les a rencontrés et jadis exploités à Dommarien notamment, en couches irrégulières, sur la surface du corn-brash, aussi pauvres et aussi fins qu'a Créancey et à Marault. La puissance du banc minier est extrêmement variable parfois il disparaît complétement sur des surfaces restreintes, parfois, au contraire, il atteint 2 mètres, mais en général son épaisseur est de om,6o à om,80. Très-souvent, il est divisé en deux couches dites rouge et grise, mais ces dénominations n'ont rien d'absolu, et tous les intermédiaires existent : les anciens ouvriers de forges prétendent que la mine rouge rend

9 à io p. loo et que la mine grise fournit jusqu'à 16 et 18 p. 100; ce sont là, en effet, les deux teneurs extrêmes qui se présentent dans nos pays, sans d'ailleurs qu'il y ait une relation bien précise entre les colorations et les rendements. Les minerais dont nous nous occupons n'ont jamais été exploités, de Châtillon à Neufchâteau, que là où ils sont tout à fait superficiels. On enlevait seulement une couche