Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 249]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

GÉOLOGIE AGRONOMIQUE.

Les Annales agronomiques publiées par M. D e h é r ai n contien-

nent diverses recherches qui sont relatives à la géologie agronomique. Une nouvelle édition anglaise des Éléments de chimie agricole et

de géologie du professeur Johns ton, vient d'être publiée par M. C. A. Camer o n. Cette édition, qui est la Io', tient compte des progrès de la science jusqu'à la fin de l'année 1876.

-étude du sol au point de vue de l'agriculture. M. le D' A. Or th (i) a présenté des observations sur la marche qu'il convient de suivre dans l'étude scientifique du sol ; comme lui, nous pensons qu'une importance trop grande a souvent été attribuée à l'analyse chimique de la terre végétale. Il faut bien reconnaître, cependant, qu'elle permet de savoir quelles sont, parmi les substances utiles au développement des plantes, celles qui se trouvent en trop petite quantité, ou qui font même entièrement défaut ; par suite elle apprend quelles sont les substances à introduire par les engrais ou par les amendements. M. Or th observe qu'il est bien préférable de s'occuper de l'étude géologique du sol, d'en dresser une série de profils et de déterminer la constitution physique et minéralogique des différentes couches qu'il est possible d'y distinguer. 11 faut remarquer, en effet, qu'a une même formation géologique correspondent fréquemment des sols doués de propriétés agricoles extrêmement différentes. Les cartes géologiques indiquent

bien les couches qui sont synchroniques, mais elles ne donnent généralement pas des renseignements suffisants sur leur composition minéralogiques et pour la faire connaître il est nécessaire de recourir à des profils spéciaux. Ainsi, par exemple, une marne diluvienne, avec gros blocs erratiques, s'étend sur de vastes surfaces dans l'Allemagne du Nord, depuis les provinces de Saxe et du Schleswig-Holstein jusqu'à celles

de Silésie, de Posen et de Prusse; mais elle porte des terres ayant des aptitudes agricoles très-différentes. Quand ces terres sont formées par un dépôt sableux, riche en humus, on y cultive (t) Die naturivisselischaft, lichen Grundlagen der Bodenkunde.

GÉOLOGIE AGRONOMIQUE.

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de l'orge ; quand l'argile diminue ainsi que l'humus, et que le sable augmente, elles ne donnent plus que de l'avoine et du seigle; enfin quand le sable domine, on y plante des pins et elles sont propres uniquement à la culture ferestière. Toutes les personnes qui se sont occupées de l'étude de la terre végétale, ont reconnu qu'elle subit sans cesse des modifications,

non-seulement par la culture, mais encore par l'atmosphère, par les pluies et par les infiltrations souterraines. M. Or th attribue aux effets produits par ces infiltrations une part très-large. Ainsi, dans le sol du Nord de l'Allemagne, constitué par la marne diluvienne, il admet que le calcaire s'est réuni en veines ou en grains et que souvent même il a été complètement dissous sur une épaisseur de i mètre. D'un au:re côté, l'oxyde de fer et l'oxyde de manganèse se concentrent à une certaine profondeur et donnent une couche ayant une couleur brun rougeâtre ou tachetée de brun noirâtre, quand y a de l'oxyde de manganèse. En outre, l'argile elle-même est entraînée par les pluies, en sorte qu'elle tend naturellement à augmenter dans le sous-sol: nous pensons toutefois, en ce qui concerne l'argile, que son transport n'a lieu qu'a une très-petite profondeur au-dessous de la surface, surtout lorsque le sous-sol est lui-même plus ou moins argileux. Mais on conçoit que l'oxyde de fer et la chaux, qui se laissent dissoudre facilement par les acides contenus dans la terre végétale, puissent au contraire descendre à une profondeur plus grande dans le sous-sol. Le déplacement de ces substances dissoutes est analogue à celui qui donne lieu à la production de l'alios (1).

Formation et épaisseur de la terre végétale. M. James Niel vi n (2) a spécialement porté son attention sur la terre végétale dans les divers voyages qu'il a faits, particulièrement en Australie et en Nouvelle-Zélande. La terre végétale présente une couleur habituellement plus foncée que celle du sous-sol, à moins que ce dernier ne soit très-ferrugineux ou bien charbonneux. Elle est aussi plus friable et plus poreuse que ce sous-sol, parce qu'elle est pénétrée, dans toutes les directions, par les racines des plantes qu'elle porte et par les galeries souterraines que creusent les vers et les insectes ; par suite elle est très-perméable à l'humidité et à la pluie. En réalité, la terre véRevue de géologie, XI, 48; XIII, 50. Transactions of the Edinburyh geol. Soc., 111, 1'24.