Annales des Mines (1878, série 7, volume 13) [Image 138]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

nistrateurs de la Compagnie qui l'appréciaient à sa haute. et véritable valeur, de la colonie française de Vienne dont il était l'un des plus honorés représentants. Après les brillantes études qui le classaient au premier rang de nos Écoles polytechnique et des mines, Adolphe Barré était en service ordinaire à Metz, lorsque des ingénieurs éminents et regrettés, Maniel, inspecteur général des ponts et chaussées, et Le Chatelier, ingénieur en chef des mines, le désignaient d'un commun accord au choix du directeur général de la Société autrichienne, M. Bresson, pour administrer une des branches les plus importantes du service de cette société, celui des mines, usines, et domaines que l'État autrichien lui avait concédés en Agé à peine de trente ans, alors que tant d'autres com-

mencent seulement à recueillir le fruit de leurs hautes études, Barré, s'initiait aux détails les plus complexes. de cette vaste administration dans laquelle l'avaient précédé des camarades plus anciens que lui, M. Dubocq et M. Castel. Grâce à ses aptitudes spéciales, à ses connaissances so-

lides et étendues, à son amour infatigable pour le travail, Barré aplanissait comme par enchantement les difficultés qu'offre le maniement d'une aussi lourde entreprise. Hautsfourneaux, laminoirs, aciéries, houillères et mines métal-

liques, produits hydrauliques et chimiques, carrières, forêts et terres domaniales, chemins de fer, matériel de

l'industrie, de l'art militaire, de l'agriculture, etc., autant de sujets qui eussent chacun exigé un ingénieur ou un spécialiste d'une expérience consommée, et que Barré embrassait, dans leur ensemble comme dans les détails, avec une sûreté de jugement et mie portée pratique peu communes.

Sous la direction de Barré, les mines, usines et domaines de la Société autrichienne ont atteint un degré de prospérité croissant, tant que les circonstances économiques générales n'ont pas influé sur les résultats.

DE M. BARRÉ.

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Par des voyages fréquents en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en France, il se tenait à jour des perfectionnements incessants et des moindres améliorations qu'entraînent des industries aussi variées que multiples. C'est dans une excursion au milieu des montagnes de la Styrie, pour étudier des faits spéciaux de la fabrication de l'acier, qu'il contracta, il y a peu de jours, le germe de la terrible maladie qui l'a impitoyablement fauché dans la force de l'âge, de la maturité et de la production intellectuelles,

lorsque l'avenir le plus brillant lui était assuré dans la Compagnie à laquelle il avait voué les dix plus belles années de sa vie !

La Société autrichienne fait en Barré une perte irréparable qui motive ses plus légitimes préoccupations ! J'ai pleuré l'ingénieur, le collaborateur, le fonctionnaire de la Société autrichienne; maintenant, encore un dernier mot d'adieu à l'ami dévoué et affectueux, à l'homme de bien, à cette nature d'élite, au coeur d'or, ravi si cruellement et pour toujours à ceux qui l'aimaient pour l'avoir seulement approché.

Puissent le souvenir de tant de qualités et de vertus si aimablement réunies et:" le spectacle de cette explosion de regrets unanimes, au Banat, en Bohême, à Vienne, à Paris et ici ,même, autour de cette tombe, demeurer longtemps

la consolation de cette digne famille, de ce père, de ce frère, de cette jeune veuve éplorés et consternés ! Puisse enfin l'image de leur père laborieux, droit, mo-

deste et sûr, guider dans la vie ses jeunes enfants, dont l'amour occupait une si large place dans sa noble âme.! Adieu, mon cher et bon Barré, adieu !

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