Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 49]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

78'BIUGRAPHIE. sujet fort délicat, mais qui se lie si intimement au récit de la vie de M. de Franqueville qu'il ne nous, a pas paru possible de le passer sous silence. Après avoir rendu hommage à la haute capacité dont le directeur général avait donné tant de preuves, la commission de la Chambre des députés, chargée d'examiner le projet de budget des travaux publics pour l'exercice 1877, s'exprimait de la manière suivante « Votre commission, Messieurs, sortirait de son rôle, si

elle vous proposait un règlement des attributions du « personnel; mais elle signale à M. le ministre des travaux publics les nécessités auxquelles il lui paraît urgent de pourvoir en lui demandant de séparer les deux services des chemins de fer et de la navigation. »

En émettant ce vu, la commission du budget aurait peut-être dû ajouter quelques lignes pour repousser les accusations trop souvent lancées contre M. de Franqueville: on n'avait pas, en effet, craint de dire que, chez le dernier directeur général des ponts et chaussées et des chemins de fer, la balance n'avait pas été toujours tenue d'une manière impartiale entre les chemins de fer et les voies navigables. M. le ministre des travaux publics a fait justice, à Ver-

sailles et sur la tombe même de M. de Franqueville, de cette triste insinuation. La longue énumération des entreprises de navigation dont le directeur général a, par tous les moyens en son pouvoir, poursuivi la création ou l'amélioration, montrera-t-elle enfin que jamais reproche ne fut moins fondé? La mort inopinée de M. de Franqueville a amené, pour

ainsi dire sans discussion, la réalisation des désirs de la commission du budget. La direction générale des ponts et chaussées a été supprimée, et l'administration centrale du ministère des travaux publics a été organisée sur des bases nouvelles qui différent peu de celles qui avaient été adoptées en 1853.

M. DE FRANQUEVILLE.

79

Nous demandons ici la permission d'exprimer une -opilion personnelle. Depuis bientôt quarante années, on a plusieurs fois modifié l'administration des; travaux publics ; ne conviendrait-il pas de revenir purement et simplement à ce qui existait avant ces divers essais, à la direction gé-

nérale des ponts et chaussées telle qu'elle existait sous M. Legrand? C'était une organisation plus que séculaire et qui avait fonctionné sous des régimes politiques bien différents.

Sans remonter à, Sully, grand voyer de France, nous voyons, pendant la seconde moitié du xvitie siècle, le service des ponts et chaussées dirigé, de 1742 à 1792, par quatre intendants généraux seulement, et l'un d'eux, le plus illustre, Charles-Daniel Trudaine, reste en fonctions 24 ans de suite.

Après la Révolution, de 180o à 1847, sauf de très-courts intervalles, il n'y a eu que six directeurs généraux M. Crétet, de 1800 à 1806; M. le comte de Montalivet, de 1806 à 1809 ; M. le comte Molé, de 1809 à 1817; M. Becquey, de 1817 à 1830 ; M. Bérard, de 1830 à 1832 M. Legrand, de 1832 à 1847.

Après une lacune à laquelle la révolution de 1848 n'a pas été étrangère, cette grande tradition avait été renouée, imparfaitement il est vrai, par la nomination de M. de Franqueville, et celui-ci, n'avait été inférieur à aucun de ses prédécesseurs.

Un antagonisme serait-il à redouter entre le ministre des travaux publics et le directeur général? Nous ne le pensons pas; et ici l'expérience répond : Trudaine, en 24 ans, a été sous les ordres de 7 contrôleurs généraux ; M. Legrand, soit comme directeur général, soit comme soussecrétaire d'État, a été le collaborateur de ii ministres; M. de Franqueville, depuis le jour où il est entré au minis-