Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 41]

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BIOGRAPHIE.

M. de Franqueville ne quittait pour ainsi dire plus son cabinet. Il fallait, après les batailles de Forbach et de

Reichshoffen, songer à la défense des places et :surtout de Paris. Tous les ingénieurs des ponts ,et chaussées rivalisaient de dévouement, et leur chef en ressentait une légitime fierté. Lorsque le désastre de Sedan fut connu, on dut prescrire la destruction des ouvrages d'art construits sur un grand nombre de routes et de chemins de fer. C'est, pour un ingénieur qui a passé sa vie à élever des construc-

tions utiles aux travaux de la paix, une cruelle douleur d'avoir à les détruire. Nous avons connu cette angoisse; M. de Franqueville la sentait d'autant plus vivement qu'il se demandait si toutes les destructions qu'on réclamait étaient des sacrifices réellement nécessaires.

de FranJournée ,du 4 septembre 1870. Hort 'de La journée du 4 septembre 187o fut terqueville mère. rible pour M. de Franqueville. Des fenêtres de son appartement, place du Palais-Bourbon, il voyait les abords du Corps législatif envahis, et il ne pouvait chasser de sa mé-

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M. DE FRANQUEV1LLE.

représentation en province de chacun des grands services administratifs; MM. de Boureuille et de Franqueville furent délégués à Tours et suivirent le Gouvernement à. Bordeaux ;

ils quittèrent Paris le io septembre, emmenant avec eux une vingtaine d'employés du ministère, .chefs de division et agents de divers grades. Envoyé moi-même en province pendant que mon prédécesseur, M. Sauvage, restait à Paris, je demeurai, de divers points de la France, en communication à peu près constante avec M. de Franqueville, et je le vis plusieurs fois à Tours et à Bordeaux. Dans chacune de ces villes il avait adopté une organisation en rapport avec la bonté de son caractère et son besoin d'expansion ; il ne se tenait pas dans une pièce isolée, il demeurait constamment avec ses collaborateurs, qu'il appelait ses amis. A Bordeaux, il avait, au moins relativement, une grande

installation. Son cabinet était installé dans la salle des séances du tribunal de commerce, la salle des faillites Cela convient à la situation, disait-il en souriant tristement.

moire les souvenirs de la journée du 15 mai 1848. Sa

Mais à Tours, il n'avait pu trouver qu'une modeste salle

respectable mère était alors à l'agonie, et il était auprès de son lit lorsque l'on vint lui demander d'assurer à l'impératrice un moyen de quitter Paris. L'impératrice avait heureusement pu s'éloigner quelques instants auparavant, et M. de Franqueville demeura auprès de sa mère, qui rendit le dernier soupir dans la nuit même. Nous avons dit la profonde affection que M. de Franqueville avait pour sa mère: en conduisant à Versailles sa dépouille mortelle, il obéit à un désir qu'elle lui avait souvent manifesté ; quelques jours plus tard cela n'eût plus été possible. « Elle est « morte à temps, écrivait-il à son fils, pour ne pas voir et « ne pas sentir toutes nos douleurs et toutes nos humilia« tions. » Les mesures prises Séjour à Tours et à Bordeaux. par le gouvernement de la Défense nationale exigeaient la

d'études au lycée ; il occupait la chaire du maître; les chefs de division travaillaient autour de lui sur quelques méchantes tables noires. Le conseil général des ponts et chaussées était représenté par Maniel, qui n'avait pas voulu quitter son chef et son ami, et qui écrivait silencieusement à côté de lui. Relations avec le gouvernement de la Défense nationale. M. Crémieux avait pris dans ses attributions le département des travaux publics. Les relations que M. de Franqueville entretint avec lui furent excellentes ; tout le monde

rendait justice aux efforts qu'il faisait pour assurer le service. La tâche était difficile; il fallait en quelque sorte improviser l'administration centrale : MM. de Boureuille et de Franqueville y parvinrent. Dans les départements non envahis par l'ennemi, l'administration française apar-

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