Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 240]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

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ROCHES.

M. Armand a observé dans les terrains ter. ArENrarts. tiaires des Apennins, aux environs de Velletri, de Pepoli, de Chieti, de Lanciano, de Venofro, de Ponte-Corvo, des gisements de

matières bitumineuses qui ont de l'importance. On aperçoit ces gisements à découvert, à la naissance des ravins, sur les pentes, là où les eaux ont rongé le sol ; ils se trouvent au-dessous des marnes subapennines. M. Arman d les partage en deux groupes principaux, orientés du N.-E. au S.-O., qui correspondraient chacun à un centre d'éruption de matières bitumineuses. A mesure que l'on s'éloigne de l'un de ces centres pour aller vers la circonférence, on constate que les dépôts sont de moins en moins bitumineux et de plus en plus chargés de pétrole. Ainsi, les matières les plus volatiles se encontrent vers les bords de l'épanchement bitumineux, tandis que les matières les plus fixes sont restées vers la partie centrale. Les centres d'éruption des deux groupes paraissent correspondre à des dépressions bien marquées du sol; pour le groupe du N.-E., cette dépression serait, au lac iVlanopello, vers Chieti, et, pour le groupe du S.-0., au lac Fucino. RAGUSE.

A Raguse, dans la province de 'Plot°, en Sicile, on

observe, au milieu des calcaires blancs du terrain crétacé, des couches alternantes de calcaire bitumineux qui se succèdent sur une hauteur de plus de 50 mètres. Ce calcaire bitumineux a beaucoup de rapport avec celui du Val-de-Travers. Sa texture est serrée, sa pâte fine, parsemée de petits cristaux brillants ; il décrépite sous

l'influence de la chaleur. Son poids spécifique est de i,68. Dépouillé de son bitume par la benzine, il donne un calcaire jaunâtre, qui contient moins d'un millième de son poids de silice. D'après M. Armand, voici la composition de deux calcaires asphaltiques de Raguse, qui ont été pris, I vers la surface du sol, Il à 45 mètres au-dessous de cette surface : H.

Bitume pétrolé Eau Silice.' Chaux carbonatée. Somme

4,70 3,28 0,09 91,93

11,20

100,00

100,00

4,95 0,06 83,79

On voit que la richesse en bitume diminue notablement à mesure qu'on s'élève dans le terrain crétacé ; il y a d'ailleurs des couches calcaires qui sont restées complétement blanches et n'ont pas été imprégnées par le bitume.

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Dans la région arrosée par la rivière White, dans COLORADO. l'ouest du Colorado, et en dehors du territoire réservé aux Indiens, l'exploration faite par le Dr Il ay de n (s) a constaté l'existence de gisements d'asphalte et de sources de pétrole qui pourront, dans l'avenir, prendre de l'importance au point de vue industriel.

Sporite.

Le nom de sporite pourrait être attribué à une roche, qui est pro-

duite par l'accumulation de spores végétales. Cette roche, trèsexceptionnelle, se forme actuellement dans les cavernes de l'île de la Réunion. Elle a été rapportée par M. de l'Isle et étudiée au microscope par MM. Bureau et Poisson (2). A la base du Pitondes-Roches, vers 1.000 mètres d'altitude, elle constitue, sur plus d'un

mètre d'épaisseur, le sol d'une caverne à ouverture très-étroite. Elle est jaunâtre, douce au toucher et friable. Desséchée, elle brûle avec une flamme jaune, très-courte, presque sans fumée et sans odeur ; humide, elle se consume à la manière de l'amadou.

D'après MM. Bureau et Poisson, ses grains sont de forme ovale; ils ont leur surface couverte d'une réticulation saillante et montrent généralement une fente par laquelle a dû s'échapper leur contenu; ils ne peuvent être rapportés qu'a des Polypodiées, fougères qui, à cette altitude et à l'époque actuelle, sont assez abondantes dans l'île de la Réunion.

Tout porte à croire que ces spores étaient en suspension dans l'air, qui, en ralentissant ses mouvements à l'intérieur de la caverne, y a produit des accumulations successives; les couches ainsi formées ont dû être imprégnées par l'humidité souterraine, ce qui explique la production des fentes par lesquelles s'est échappé leur contenu. D'un autre côté, la caverne les a complètement préservées de la destruction par l'atmosphère.

Tourbe. LITTORAL FLAMAND. M. IL Debr ay (5), conducteur des ponts et chaussées, a étudié différentes tourbières du nord de la France,

en particulier celles cl'Ardres et du littoral flamand. En même temps il a réuni une belle collection des fossiles végétaux et animaux ainsi que des antiquités gauloises et romaines que renferment ces tourbières. La collection de NI. D e b r ay a été donnée au Musée

géologique, formé par M. G osselet, à la Faculté des sciences de Lille. Explorations made under the direction of projessor F. V. Hayden in 1876. Bulletin de l'association scientifique, 1876. p. 300. Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, 1873.