Annales des Mines (1876, série 7, volume 10) [Image 26]

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EMPLOI EXCLUSIF DES RAILS D'ACIER

PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER.

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grandes sociétés industrielles, fortement administrées, telles que celles de Terrenoire, du Creusot et de Châtil-

CONSIDÉRATIONS

lon et Commentry, ont seules fait en grand les installations nécessaires pour maintenir la métallurgie française au ni-

SUR

veau qu'avait atteint celle des pays voisins. Les autres

L'EMPLOI EXCLUSIF DES RAILS D'ACIER

usines ont procédé plus modestement ; quelques cornues, quelques fours Martin se sont élevés çà et là; mais, surtout depuis la guerre de 1870, aucune société nouvelle ayant en vue la fabrication intensive de l'acier ne s'est fondée, et les puissants établissements que nous venons de citer, assurés de la clientèle des grandes compagnies de chemins de fer, trouvant en Italie, en Suisse, en Espagne, en Russie même des débouchés avantageux et proportionnés à leur force productive, ont continué leur développement progressif sans être directement atteints par la crise si sensible dans d'autres États. En Autriche, en Allemagne surtout, il n'en a point été de même. Dans le premier de ces deux pays, l'effervescence industrielle, causée en 1867 par la solution relati-

PAR

LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER

Par M. G. BRESSON, ancien élève de l'École des mines.

Chacun sait avec quelle rapidité l'emploi de l'acier Bessemer, accueilli d'abord avec quelque méfiance lors de son

apparition, s'est développé dans toute l'Europe, surtout pour la fabrication du matériel des chemins de fer. Tandis qu'il y a dix ans la production de ce métal n'était encore

entre les mains que de quelques usines dirigées par des hommes éminents et particulièrement favorisées par la qualité exceptionnelle de leurs minerais, il s'est produit depuis

dans presque tous les établissements métallurgiques un élan souvent peu raisonné vers ces fabrications nouvelles. On a vu des usines, ne possédant dans leur voisinage que des minerais de qualité inférieure et reconnus impropres à

la fabrication d'un acier même médiocre, substituer les cornues aux fours à puddler, sans même s'être assuré, par des marchés à long terme, les matières premières nécessaires au roulement des nouveaux ateliers ; d'autres établissements, ayant à lutter contre une situation financière défavorable et les dangers d'une concurrence excessive, ont cru se sauver en s'enfonçant plus avant dans l'abîme, et en faisant de grands sacrifices pour transformer les bases de leur fabrication. La France, il faut le reconnaître, a su,

mieux que tout autre, résister à cet entraînement. Les

vement heureuse des graves problèmes politiques qui tenaient, depuis bien des années, l'activité du pays en suspens, la construction fiévreuse d'un grand nombre de chemins de fer malheureusement peu en rapport avec les besoins réels des régions traversées, ont déterminé la création de nombreuses usines, pressées de satisfaire aux besoins du moment, qu'on croyait devoir être plus grands encore dans l'avenir. Encouragés par l'exemple de Neuberg, où le procédé Bessemer, introduit dès 1864 sous la haute

autorité de M. de Tunner, donnait alors les plus brillants résultats, toutes les petites usines de Styrie se sont réunies en plusieurs grandes sociétés anOnymes, croyant le moment venu de répandre les minerais de Styrie sous forme de lingots d'acier aux quatre coins du monde. De vastes hauts fourneaux leur appartenant ont été construits aux portes de Vienne même ; une usine à acier comprenant