Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 347]

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REVUE DE GÉOLOGUE.

Si l'on considère d'abord les terres arables qui occupent la plus grande surface sur notre sol, elles sont soumises à une culture essentiellement variable, et leurs produits changent chaque année; toutefois, il est possible d'évaluer en argent leurs revenus moyens annuels. Les chiffres qui les représentent, dans les cantons, I

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ont permis de tracer les courbes correspondant aux revenus annuels de no, 40, Go, 80, i 00 et in() francs par hectare. Maintenant les bois, les prés, les vignes, occupent des surfaces beaucoup moins étendues que les terres arables; de plus, ce sont des cultures qui restent les mêmes pendant un certain nombre d'années et sont relativement permanentes. Prenant pour base les chiffres de leur revenu moyen annuel, on a tracé, de la même manière, les courbes d'égal revenu qui leur correspondent. Ensuite, chacune des cultures a été représentée par des couleurs conventionnelles ; puis les nuances en ont été graduées, d'après les revenus, et circonscrites aux limites données par les diverses courbes.

Il importe, d'ailleurs, d'observer que les cotes des courbes indiquent seulement le revenu moyen ; en sorte qu'entre deux courbes consécutives on peut très-bien trouver un revenu supérieur ou inférieur. On sait aussi que le revenu de la terre varie beaucoup, non-seulement dans une même commune, mais encore sur des points très-rapprochés. La Carte agricole qui accompagne la notice de M. D el es se est une réduction au 4.000.000e de celle sur laquelle les études ont été faites d'après la méthode qui vient d'être exposée; elle a été des-

sinée par M. Al. Babinski. Malgré la petitesse de son échelle, elle montre d'une manière assez simple et bien propre à frapper les yeux, comment sont réparties les richesses agricoles de la France.

Les causes qui peuvent influer sur le revenu de la terre étant extrêmement complexes, il convient de les étudier séparément, afin de se rendre bien compte des effets qui sont produits par chacune d'elles; se bornant aux principales, l'auteur distingue spécialement le climat et la nature de la terre, son humidité, son épaisseur, sa, pente et ses conditions économiques. Sans entrer clans des détails spéciaux relativement aux différentes cultures, indiquons seulement, d'après la Carle agricole de la France, comment sont réparties les terres qui donnent le plus grand ou le plus petit revenu. Les terres dont le revenu est le plus grand occupent le fond des bassins hydrogra.phiques; elles s'étendent dans les vallées comme

GÉOLOGIE AGRONOMIQUE.

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celles de la Limagne et du Grésivaudan ; elles bordent les rivières et les cours d'eau, s'élargissant avec les vallées et augmentent vers

les confluents ; elles se développent surtout vers la partie inférieure et moyenne des grands fleuves, notamment le long de la Seine et de l'Oise, du Rhône, de la Saône et de l'Ardèche, de la Garonne, de la Loire, du Rhin. Elles bordent aussi certaines côtes maritimes comme celles de la Provence, du Languedoc, du nord de la Bretagne. Elles couvrent des plaines comme celles de Caen, de la Flandre, du Hainaut, de l'Artois, de l'île-de-France, de l'Alsace, de Mâcon, d'Avignon, de Nîmes, de Montpellier, de Toulouse et de la Guienne; de plus, elles se retrouvent sur certains plateaux peu élevés, comme le pays de Caux, la Picardie, la Beauce, la Brie, ou

bien sur des collines ayant une altitude et une inclinaison moyennes, comme celles de la vallée d'Auge, du pays de Bray et du Vivarais. Enfin elles forment des zones concentriques et à revenu

décroissant autour des centres de .population, surtout autour de Paris, de Lyon et de Clermont en Auvergne.

Les terres dont le revenu est le plus petit occupent, au contraire, les parties les plus élevées ; elles longent les flancs des collines ou des montagnes qui ont de fortes pentes ; elles s'étendent,

en général, sur les régions montagneuses. En particulier, elles suivent les parties hautes et inclinées des Alpes, des Cévennes et du Plateau central. Dans ce dernier plateau, elles envahissent largement /e Limousin, la Marche, le Bourbonnais, la Margeride, le Rouergue et la montagne Noire. D'un autre côté, des terres donnant un faible revenu couvrent aussi des régions montagneuses peu élevées ; elles s'étendent, par exemple, sur un sol granitique, comme le 'Morvan, ou bien sur un sol schisteux et granitique, comme l'intérieur de la Bretagne et de la Vendée; elles s'étendent, également, sur un sol calcaire, comme les plateaux des Causses et du haut Poitou, les collines jurassiques entre les sources de la Seine et de l'Ornain. Enfin elles occupent encore des plaines peu élevées dans lesquelles le sol est tantôt argileux, comme dans la Dombes, tantôt plus ou moins sableux, comme dans la Brenne,. dans la Sologne et dans les Landes. Sous le titre de France agricole, M.

Gustave Heuzé, in-

specteur général de l'agriculture, vient de faire paraître un Atlas contenant une notice sur les diverses régions agricoles de notre pays, avec des tableaux de statistique générale et 43 cartes géographiques et statistiques qui résument les principales données reluth,es à la situation actuelle de l'agriculture française. Cas cartes,