Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 295]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

586

REVUE DE GÉOLOGIE.

5. Puissantes couches de schiste imprégné de mercure, connues sous le nom de Silberschiefer. 6" Grès rougeâtre stérile.

Les couches du n° 5 sont parfois recouvertes par un calcaire fé-

tide (Stinkstein), lequel est fort développé entre Idria et Ober Laybach, ainsi que par le Musehelkalk et le Héitilenkalk, qui ap-

partienent déjà à la base du jurassique et se montrent souvent dans la Carniole.

Les couches imprégnées de mercure appartiennent à la partie

inférieure du trias; elles sont orientées à peu près suivant la direction 150° S., qui se rapproche beaucoup de la direction du Thuringerwald.

Les actions mécaniques qui ont disloqué les couches, à Idria, ont vraisemblablement été très-violentes.

Platine.

Platine associé au fer chromé et à la serpentine. On sait que le platine de l'Oural n'est connu, jusqu'à présent, qu'en grains isolés. Les recherches de M. Le Play avaient bien appris que sa roche mère devait très-vraisemblement être la serpentine, mais c'est seulement dans ces derniers temps qu'on a trouvé, à Nijné-Taguilsk, des échantillons qui ont permis de le bien constater. Dans un galet de serpentine, M. D a ubr ée (o) a reconnu du pla-

tine qui s'y trouvait associé au fer chromé. Examinant cette roche au microscope polarisant, il y a reconnu des grains ayant tous les caractères optiques du péridot, qui avaient été plus ou moins transformés en serpentine; il y avait aussi un élément pyroxénique qui, d'après M. Des Cl o izea ux, paraît être un sahlite ferrière. L'association du platine et du fer chromé est extrêmement intime et, suivant M. D aub rée, on peut s'en rendre compte en concevant que les trois corps platine, fer et chrome, d'abord à l'état métallique, ont été originairement soumis à une sorte de scorification partielle; c'est ce que confirme l'expérience. Cette scorification serait tout à fait analogue à celle par laquelle M. Da ubr é e, en s'appuyant aussi sur des expériences, a cherché à imiter des météorites dans lesquels le fer se trouve également, en partie à l'état métallique et en partie à l'état oxydé.

ROCHES MÉTALLIFÈRES.

La présence du fer métallique, allié au platine natif, suffirait déjà pour le caractériser au milieu de toutes les substances minérales connues dans l'écorce terrestre, et pour le rapprocher des roches météoritiques.

Comme autre trait d'analogie, il importe d'observer qu'ordinairement les roches météoritiques, à base de péridot, contiennent aussi du fer chromé; elles ressemblent donc, minéralogiquement, à la gangue du platine de l'Oural. Cette ressemblance, que M. Da ubrée avait signalée autrefois, trouve une confirmation remarquable et se complète par la présence du péridot qui accompagne le platine. Le rapprochement est particulièrement frappant pour la météorite tombée à Chassigny (Haute-Marne) qui, d'après l'analyse très-exacte de M. Dam ou r, se compose presque entièrement de péridot, auquel se joint du fer chromé dans la proportion de li p. son. La ressemblance entre cette roche cosmique et la roche terrestre de Nijné Taguilsk, s'étend jusqu'à l'aspect de la texture. Toutefois, suivant M. Dau br é e, il existerait entre ces deux roches cette différence, que la gangue du platine de Nijné Taguilsk se serait transformée, et qu'elle aurait subi une hydratation dans laquelle la serpentine se serait produite aux dépens du péridot, tandis que, dans la météorite de Chassigny, ce minéral est resté inaltéré. Dans son travail, M. D au b rée signale les traits multiples et inattendus de similitude, tant dans la constitution minéralogique que dans le mode possible de formation, qui rapprochent certaines météorites de la gangue de platine à péridot et fer chromé.

Météorites et roches analogues. M. Walter Fil ght (o) a entrepris la description de toutes les chutes de météorites survenues depuis le commencement de 1869, époque à laquelle s'arrêtait le travail de M. ll am m elsb erg, sur la composition chimique de ces corps.

L'ouvrage de M. Fligh t comprend aussi l'exposé des travaux publiés de 1869 à 1874 sur les cloutes plus anciennes. On y trouve en outre un résumé très-complet de toutes les observations rela.tives au fer natif du Groënland (2). Nous croyons devoir conserver l'expression de fer natif, car la description donnée par M. Nanek(I) Geol. Mag., 1875, 16, III, 152, 214, 257, 362, etc.

(1) Comptes rendus, LXXX, 707.

587

(2) Revue de géologie, X, ici.