Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 212]

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DIVERS MODES DE STRUCTURE

III. Il convient de séparer entièrement des porphyres noirs et rouges précédents les roches porphyriques brunes de Cugliate ; elles sont toutes fluidales et sphérolitiques (i), avec globules à croix noire, et présentent même souvent des traces encore peu altérées de cristallites et de trichites ; leur série comprend d'ailleurs de vrais pechsteins (Grantola), comme les séries analogues de la Saxe et de Fréjus. Nous ajouterons que les courses faites par nous aux environs de Lugano, nous paraissent confirmer entièrement les résultats de ces comparaisons et de ces observations microscopiques. De l'aveu même de MM. Gaétan() Negri et .Emilio Spreafico, les porphyres bruns de Cugliate, bien que formant une enclave séparée, paraissent plus récents que les porphyres voisins. Ces derniers figurent dans leur ensemble une ellipse allongée dans la direction N. 62°E. Le porphyre noir, accompagné de brèches de même nature, parait

former, au nord de cette ellipse, de vastes coulées sur les micaschistes sous-jacents; ces coulées sont percées par des filons et surmontées par des masses de porphyre rouge. Quant à l'apparente confusion de ces diverses formations, en certains points, il faut en chercher l'explication dans les dislocations récentes, qui ont laissé dans toute la contrée des traces non équivoques : ainsi, à Voldomino par exemple, une coulée de porphyre noir, sur laquelle repose la dolomie triasique, a été relevée verticalement avec les couches voisines, et pourrait être prise au premier abord pour un filon d'injection. Examen macroscopique. - L'échantillon qui a donné la photographie n" ti, a été recueilli au-dessus du village de Morcote, à l'extrémité de la presqu'île de Carona ; dans une pâte rouge saumon, à cassure cornée, on aperçoit sans le secours de la loupe de nombreux globules à contours irréguliers qui se distinguent du reste de la pâte par une couleur plus foncée; le quartz, en trèspetits grains hyalins, est assez rare; l'orthose se montre en petites lamelles roses; la roche contient en outre une substance verdâtre stéatiteuse très-abondante. Les porphyres rouges de Maroggia sont très-analogues; mais les cristaux en débris y sont de plus grande taille ; le quartz est laiteux; une partie des lamelles de feldspath est triclinique. Les porphyres gris en filons minces dans les micaschistes sous le

village de Morcote diffèrent nettement des précédents ; ils contiennent du quartz en petits grains bien cristallisés peu éclatants ; (i) Bulletin de la Société géologique de France, t. III, 2., et 234.

DES ROCHES ÉRUPTIVES. 42 I de Forthose rose en débris de grandeur moyenne, souvent attaqués par une carie micacée d'un brun velouté; un feldspath triclinique très-abondant en petites lamelles vitreuses, et enfin du mica brun et vert.

Examen microscopique. - Au microscope, le porphyre rouge de Morcote se montre rempli de globules pétrosiliceux souvent bien rayonnés, d'une teinte brune claire dans la lumière naturelle (16); leur diamètre oscille entre o,5 et o",9. Tantôt la substance pétrosiliceuse est concentrée en véritable sphérolites structure réticulaire, tantôt elle forme des bordures régulières autour des débris de cristaux anciens, et notamment de quartz (6); elle est douée à un haut degré de la faculté de s'illuminer sous les rayons réfléchis. Nous avons déjà mentionné plus haut que, sous les Nicols croisés, les globules de la roche de Morcote s'éteignent quatre fois pour une rotation totale de la plaque ; la substance cristallisée qui les imprègne est en outre orientée comme les débris de quartz ancien qui en forment souvent le centre, et s'éteint

en même temps qu'eux. Les sphérolites sont noyés dans une pâte entièrement cristallisée, très-riche en quartz récent granulitique (27), sur lequel s'est moulée une substance irisée, sous les Nicols croisés, et composée d'une multitude de lamelles micacées de récente consolidation (30). Les caractères microscopiques de cette substance ne peuvent se rapporter qu'au talc ou au mica blanc, et les propriétés macroscopiques de la matière stéatiteuse dont les porphyres rouges de Valgana, de Morcote et de Marrogia sont remplis, ne laissent pas de doute à ce sujet. L'analogie de ces roches avec certains porphyres de la

série houillère se poursuit donc jusque dans les détails : car la description précédente s'applique point pour point aux porphyres de la Porte, près Sainte-Pérouse, de l'établissement des bains à Saint-Honoré (Nièvre), de la Muldene Hütte à Freiberg, etc. (V oir page 594).

Les porphyres gris truités en filons minces dans les micaschistes, au-dessous de Morcote, se montrent au contraire identiques aux porphyres à grands cristaux du Morvan ; l'étude attentive des nombreux filons de porphyre qui traversent les couches anthracifères aux environs de Saint-Honoré-les-Bains, nous a permis de dé-

terminer les relations d'âge qui existent entre les deux variétés houillères, d'ailleurs très-voisines au point de vue de la structure et des conditions de gisement; elles se mêlent dans les mêmes filons, et toutes deux passent à des variétés entièrement cristallisées de miero-pegmatites à étoilement; mais en plusieurs points, on peut TOME VIII, 1875.

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