Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 173]

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DIVERS MODES DE STRUCTURE

DES ROCHES ÉRUPTIVES.

Yogelsang (t) a fait, au sujet des corps microscopiques en forme d'étoiles,, contenus dans certains verres à vitres, une remarque des plus curieuses et fort instructive quelle que soit l'origine de ces étoilements, souvent tout à fait régu,liers, et auxquels on peut comparer les fines herborisations de la glace sur les vitres, il est vraisemblable qu'ils sont contemporains du refroidissement du magma vitreux : or, ces étoilements présentent des phénomènes de rupture, tout comme les anciens cristaux des roches ; certaines de leurs branches sont cassées et l'on en voit les débris disloqués

de roches éruptives, ou encore quand leurs filons s'amincissent au delà d'une certaine limite. L'examen microscopique montre que l'état eunuque des cristaux en débris va rarement sans celui de la pâte ellemême; mais la réciproque n'est pas vraie et cette dernière

encore à portée de leur place primitive. Vogelsang considère. comme très-probable que la, masse était encore à l'état pâteux lors de la formation des étoilements, et que les phénomènes de rupture datent du soufflage du manchon de verre.

Ce curieux exemple nous .montre que la formation de certains cristaux ancièns peut être très-voisine de la consolidation définitive de la roche ; mais les phénomènes d'usure et de corrosion donnent à penser que, le plus souvent, l'existence des cristaux en débris date de plus loin et que les roches les amènent toutes formées dans les fractures par lesquelles elles s'épanchent. L'étude des circonstances dans lesquelles se forment les roches dites euritiques se lie intimement aux considéra-tions précédentes.; il convient de distinguer deux espèces de, roches euritiques, celles où les cristaux en débris sont très-petits et très-divisés, et celles où les éléments mêmes du magma s'atténuent de plus en plus. Le premier genre d'eurites peut seul être étudié à l'oeil

nu, et c'est à lui que se rapportent les observations de M. Delesse sur la liaison qui existe entre les conditions de gisement et la grosseur du grain des roches : nous les résu-

merons en disant que ce genre d'eurites se présente fréquemment sur les bords des dykes et des épanchements (1) Sur les cristallites, arch. néerlandaises, t. VII, 1.12, 1872.

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structure existe souvent sans la. première. Les débris cristallisés des eurites se montrent sous le microscope très-brisés et comme poussés en désordre les uns contre. les autres (i) ; ils paraissent avoir subi des actions mécaniques très-intenses qui catirent bien avec l'apparence rubanée de plusieurs de ces roches. N'y a-t-il pas là un simple phénomène. de frottement dû au voisinage des parois

encaissantes, et dans le cas des épanchements en masse, une sorte de préparation mécanique qui entraîne sur les

bords, c'est-à-dire au plus loin, les fragments les plus petits ? En tous cas l'appellation d'eurite ne doit pas être étendue à toute une formation, car il est constant que toutes, les roches, dans certaines circonstances, présentent des variétés euritiques., De Buch et ensuite Darwin (2) avaient déjà observé que,

dans certains courants de laves, les cristaux volumineux

gagnent le fond, et y forment un véritable Précipité.. M. Stoppani (5) remarque que la finesse de certains granites principalement dans les simples veines, doit être attribuée à un .vrai broiement, causé par le frottement des parties venues toutes cristallisées, les unes contre les autres. C'est à Spallanzani (4) qu'on doit la première notion de ce que nous avons appelé les cristaux anciens en débris ;. M. Poulet-Scrope (5) considère les laves comme venant au (i) Filon mince de porphyre euritique deCrochat, près Limoges eurites de la cascade, près Lorrnes (Nièvre), etc. Volcanic Islands, London, 18.Vi, 7. Note sur la genèse des laves, Bulletin de la Société già)!ogni ne de France, s' série, t. XXVII, 159, 1869. Viaggio. aile due Sicilie, Il, cap. xi. Les Volcans, etc., Paris, 18611.