Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 54]

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NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR JULES GALLON.

mines et métallurgie. Ses collègues français étaient Élie de Beaumont, Dufrénoy, , Le Play et Chancourtois ; il fut nommé

secrétaire et, à ce titre, chargé d'un travail considérable. La première classe était divisée en neuf sections ; le rapport du jury fut présenté par M. Émile Rainbeaux, administrateur des mines du Grand-Hornu (Belgique).

L'exposition universelle de 1862, en Angleterre, nous montre Gallon chargé du rapport sur les machines à préparer et à filer les fibres textiles, c'est-à-dire d'un travail bien éloigné de ses habitudes professionnelles.

Il n'était cependant pas absolument étranger à l'industrie textile qui avait longtemps occupé son aïeul et son

père. Pendant les six années qu'il avait passées clans le département de la Loire, il avait étudié avec beaucoup de

soin, et avec l'ardeur tranquille qu'il apportait à toutes choses, les brillantes industries de Lyon et de Saint-. Étienne ; il s'était imposé la tâche de voir et d'annmter, pour sa propre satisfaction, tout ce qui concernait l'industrie des matières textiles. Aussi, collègue de MM. Jean Poins et Villeminot-Huard, il se trouvait rapidement en parfaite communauté d'idées avec ces grands industriels,

et il rédigeait avec le succès le plus marqué un rapport complet sur la préparation et la filature des fibres employées par l'industrie. Nous ne suivrons pas Gallon dans l'étude des machines

à éplucher le coton et à teiller le chanvre, des chardonneuses, des cardeuses et des peigneuses, des machines à

filer et à tisser; mais il y a dans son travail des passages qui ne sauraient être trop médités parce qu'ils sont toujours vrais. Il faut qu'à la supériorité du goût, que nul ne conteste à la France,. celle-ci joigne l'égalité dans l'outillage. Ce sera un grand pas de fait, mais ce n'est pas le seul; il faut, d'une part, renoncer à réclamer en toutes choses l'intervention du gouvernement, et, d'autre part, obtenir chez nous la stabilité dans les professions.

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« En dehors des questions de douane, dit Gallon, le rôle da gouvernement ne peut être que fort secondaire, car l'industrie textile est une de celles qui par leur caractère progressif, leur variété, leur mobilité, échappent « le plus complètement au système de l'intervention administrative, utile dans certains cas et dans une certaine mesure, mais qui sert aussi souvent de frein que d' aicc guillon et qui a toujours l'irréparable tort d'affaiblir l'énergie de l'initiative individuelle.» Servie par des ingénieurs qui écrivent les lignes que nous venons de copier et dont elle fait. des professeurs, l'administration française est une administration libérale; ce qui n'est pas libéral, c'est le pays lui-même qui parle sans cesse de liberté, mais qui sans cesse aussi réclame la réglementation.

Sur cette question si grave de l'instabilité des professions, écoutons encore Gallon

En Angleterre, bien plus souvent qu'en France, cc un établissement industriel reste dans la même famille pendant plusieurs générations ; le fils suit la carrière du « père; son éducation se termine plus vite ; il est plus tôt associé aux travaux de la maison ; il fournit une car« rière industrielle plus longue qu'en France ; il y acquiert une expérience et des traditions précieuses que nous ne pouvons avoir au même degré. La règle en Angleterre c'est que le fils adopte la carrière de son père. On peut dire que c'est chez nous l'exception. Ce qui est la règle chez nous, c'est de se retirer le plus vite possible dès que l'on a atteint un chiffre de fortune en rapport avec ses goûts; c'est surtout de donner à ses enfants une instruc-

« tion littéraire très-complète, ou du moins très-longue à

cc acquérir, et surtout très-propre à les placer dans un courant d'idées qui les éloigne de la profession patercc

nelle. » En 1867, nous partageâmes avec Gallon l'honneur d'être