Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 183]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

36o

D'UN MÉLANGE D'AIR ET DE GRISOU.

"VITESSE D'INFLAMMATION

gazeux produira des effets comparables à ceux d'une poudre lente. Si V est grand, au contraire, les effets de l'explosion

pourront être rapprochés de ceux d'une poudre vive ou brisante. Un mélange gazeux, inexplosif lorsque la température initiale est 0, peut devenir explosible si l'on élève cette température, car on augmente ainsi T, en même temps qu'on diminue le dénominateur de V. La formule (4) explique aussi aisément ce fait constaté par M. Bunsen qu'un mélange, inexplosible à l'air libre, peut s'enflammer en vase clos. On sait en effet que la température de combustion est plus grande en vase clos qu'a l'air libre, à cause de la chaleur perdue, dans le second cas, par l'expansion du gaz.

J'ai cru devoir traiter ici, à un point de vue général et théorique, la question de la vitesse de propagation de l'inflammation dans un mélange gazeux. J'y étais engagé par la nouveauté du sujet. Je ne crois pas en effet qu'un pareil travail ait été tenté jusqu'ici, et c'est sans doute parce que la vitesse d'inflammation ne paraissait pas présenter de relations intimes avec les autres données physiques essentielles des gaz, qu'elle a été jusqu'ici l'objet d'un si petit nombre de recherches expérimentales. Les seules que je connaisse sont celles de MM. Schloesing

et Demondésir sur les mélanges d'oxyde de carbone et d'air (*) , et les expériences sur les mélanges d'hydrogène et d'oxygène indiquées par M. Bunsen dans son mémoire sur les températures de combustion. Il y a là dans la science une lacune regrettable que je me

borne à indiquer, mais que le mémoire actuel n'est pas destiné à combler.

Mon but est beaucoup plus modeste. Il y a plusieurs (*) Elles sont indiquées par M. Henri Sainte-Claire-Deville dans ses leçons sur la dissociation.

561

années déjà, la Société de l'industrie minérale, dont le siège est, comme on sait, à Saint-Étienne, confia à une commis-

sion, dont j'eus l'honneur d'être le rapporteur (*) , le soin de faire des expériences sur les lampes de sûreté employées dans les mines. Je fus conduit, pour élucider la théorie de ces appareils, à faire quelques expériences sur les vitesses d'inflammation de mélanges, en proportions variables, de grisou et d'air. Ces expériences, faites au laboratoire de l'École des mineurs de Saint-Étienne, restèrent fort incomplètes, et j'en ajournai la publication dans l'espérance de les étendre et de les perfectionner. Diverses circontances se sont opposées jusqu'ici à la réalisation de cette espérance, et craignant qu'elle ne soit pas encore prochaine, je me décide à publier mes expériences telles qu'elles sont. Peut-être les mineurs ne les trouveront-ils pas sans intérêt pour leurs travaux. 'Vitesse d'inflammation de mélanges d'air et de grisou. Résultats expérimentaux.

Le procédé d'expérimentation que j'ai employé est le même que celui qui a été utilisé par MM. Schloesing et Demondésir, ainsi que par M. Bunsen. 11 consiste en résumé à enflammer le mélange détonant animé d'une vitesse connue de translation. Lorsque la tranche enflammée reste stationnaire, c'est que la vitesse d'inflammation est égale à la vitesse de translation du gaz. Voici quels sont les détails de l'expérience. Un flacon à trois tubulures, portant une échelle préala-

blement graduée en volumes égaux, communique d'une part avec un vase de Mariotte placé à un niveau supérieur,

de l'autre avec un tube de dégagement prolongé par un chalumeau à gaz tonnants. La troisième tubulure peut être (1 Voir raie, t.V °iXrI I

pRapport, uBi'tvil.letin de la Société de l'indttstrie