Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 91]

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POUSSIÈRE DE HOUILLE DANS LES MINES.

POUSSIÈRE DE HOUILLE DANS LES MINES.

NOTE SUR LES DANGERS QUE PARAÎT PRÉSENTER LA POUSSIÈRE DE ROUILLE

DANS LES MINES, MÊME EN L'ABSENCE DE GRISOU.

On sait depuis longtemps que le poussier de charbon en suspension dans Fair peut être employé comme combustible.

Ainsi un ouvrage publié en 1818 (Traité complet de mécanique appliquée aux arts, par Borgnis; Composition des machines, p. 197) donne, d'après un rapport à l'institut de Berthollet et de Carnot, la description d'une machine à feu de M. Niepce, dans laquelle on brûle des poussières très-fines. L'air, dilaté par l'inflammation rapide d'une certaine quantité de combustible en poudre, soulève un piston. Le combustible employé était d'abord du lycopode, mais

l'appareil a marché également avec de la poussière de houille, mélangée. au besoin d'un peu de résine. Plus réceMment, des applications industrielles ont été faites de la combustion de houille, réduite en poudre linpalpable; on peut citer, par exemple, les appareils de chauffage de MM. Whelpley et Storer, en Amérique, et le four que M. Crampton a établi à Woolwich pour le puddlage du fer.

Depuis longtemps aussi, l'on a remarqué le rôle que jouent, dans les explosions de grisou, les poussières char-

bonneuses qui se trouvent en suspension dans l'atmosphère de la mine. Ces poussières en brûlant peuvent augmenter les effets désastreux de l'accident, soit par la flamme même qu'elles produisent, soit par les gaz irrespirables qui sont le produit de leur combustion, soit enfin en propageant, comme une tramée de poudre, l'inflammation jusqu'à d'autres amas gazeux explosifs.

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La poussière de houille embrasée peut encore être quelquefois la cause du phénomène désigné sous le nom de retour de flamme, lorsque, par suite de la dépression qui succède à la dilatation subite que produit l'explosion, les courants chargés de poussières reviennent violemment vers le lieu de cette explosion.

Après la plupart des explosions de grisou de quelque importance, on retrouve en divers points, sur les boisages, une croûte composée d'une sorte de coke léger ; elle ne peut certainement provenir que de la poussière de houille, soulevée dans les chantiers et sur le sol des galeries, puis transportée par le violent courant d'air qu'a produit l'explosion.

Ainsi, le 29 août 1855, au puits Charles de la concession houillère de Firminy (Loire), dans un grave accident de ce genre, à l'occasion duquel cette production de coke a été signalée pour la première fois par l'ingénieur en chef du département (M. du Souich), des ouvriers placés près du puits d'entrée d'air ont été brûlés, tandis que d'autres, occupés au fond de chantiers voisins du théâtre de l'explosion, mais en dehors du courant, ont été préservés. Ce fait prouve bien que la mine ne renfermait pas une très-grande quantité de grisou et que la combustion des poussières a dti être pour beaucoup dans l'accident. Mêmes -observations après deux explosions semblables dans le même bassin houiller de Saint-Étienne, l'une au puits du Treuil (26 mai 1861), et l'autre au puits Beaunier, de la concession de Villars (11 octobre 1867). Dans ce dernier accident, beaucoup d'ouvriers périssent asphyxiés; et, si cette asphyxie doit être attribuée, en grande partie, à l'explosion du grisou lui-même, on peut cependant conjecturer que la quantité des gaz méphitiques a été accrue par l'inflammation de poussières. L'instruction ministérielle du 6 décembre 1872, sur les

mesures de sûreté à prendre dans les mines à grisou, Tom VII, 18,75.

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