Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 89]

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ACCIDENTS DANS LA HOUILLÈRE DE BE AUBRUN (LOIRE).

pour la respiration des hommes et la combustion des lampes. Ce réservoir est constamment alimenté par un long tuyau, également en caoutchouc, en communication avec une pompe à soufflet cylindrique, placée soit à l'extérieur, soit en un point suffisamment aéré de la mine, pompe qu'un seul homme suffit à manoeuvrer. Le distributeur est trans-

porté à dos d'homme et peut être placé durant le travail dans un coin du chantier. Il. Accident du 13 septembre 1874. Les ingénieurs de la mine de Beaubrun dressaient, ce jour-là, quelques ou-

vriers à l'emploi de l'appareil Fayol, dans une galerie à l'extrémité de laquelle l'atmosphère était fortement chargée d'acide carbonique.

La pompe à air était installée à 8o mètres du fond de cette galerie et, à moitié chemin, les ouvriers devaient se munir de l'appareil. Trois hommes se rendaient au fond et pénétraient dans les gaz irrespirables. L'un d'eux, nommé Gonthar, se sentant fatigué, fit signe à ses camarades, et tous trois retournèrent vers la pompe. Ils repartirent cinq minutes après, pour reprendre l'expérience. Arrivé au fond de la galerie, Gonthar demande encore à revenir et le groupe rebrousse de nouveau chemin ; mais Gonthar ne tarde pas à chanceler et, quoique soutenu par un de ses camarades, Barthélemy, perd l'équilibre et tombe. Le troisième ouvrier (celui qui était chargé du distributeur) crie au secours et, perdant la tête, au lieu d'aider à traîner Gonthar jusqu'au bon air, jette le distributeur, tout en gardant son embouchure, et s'enfuit en rampant, commettant ainsi faute sur

faute. Malgré la chute, le distributeur ne cessa point de fonctionner.

Au premier cri, un maître mineur s'était élancé sans appareil dans la galerie et était venu à la rencontre de Barthélemy, qui, ayant aussi gardé son embouchure, traînait Gonthar, lequel avait naturellement perdu la sienne.

APPAREIL FAYOL.

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En ce moment , Barthélemy tombait lui-même à son tour, sans que sa chute ait été expliquée ; il affirme n'avoir

éprouvé aucun malaise et aura peut-être buté contre un obstacle. Quoi qu'il en soit, il perdit alors son embouchure et resta gisant, comme Gonthar, dans l'acide carbonique. Le maître» mineur avait été heureusement suivi par deux ouvriers, munis chacun de l'appareil portatif, et put être ramené à l'air frais, ainsi que Barthélemy et Gonthar ; mais ce dernier ne put être rappelé à la vie.

III. Accident du 15 novembre 1874. -- On voulait cette fois, dans la même concession, reprendre une masse de charbon abandonnée au milieu d'Un quartier autrefois incendié. Il fallait, pour l'atteindre, commencer par rouvrir une galerie à travers bancs, dont l'entrée dans le puits avait été muraillée, et fermer, au moyen d'un barrage de sûreté, une galerie de niveau communiquant avec cette galerie à travers bancs.

Le mur qui masquait cette dernière galerie une fois démoli, l'eau qu'elle contenait s'écoula, dégageant en abondance des gaz très-méphitiques. On put ensuite, avec l'appareil portatif, reconnaître la galerie de niveau à.

barrer et déterminer l'emplacement du barrage. Cet emplacement fut choisi à 14 mètres de l'intersection des deux galeries et, par suite, à 64 mètres du puits, la galerie à travers bancs ayant 5o mètres de longueur.

Trois hommes, dont l'un portant le distributeur, partaient à la fois du puits ; la pompe à air était établie sur un plancher construit en travers du puits. Les hommes restaient

au travail le temps qu'ils pouvaient y rester et revenaient au puits dès qu'ils se sentaient quelque peu fatigués. Un

surveillant, muni de l'appareil portatif, allait et venait constamment de la recette à l'extrémité de la galerie à travers bancs, vérifiant s'il ne survenait rien de fâcheux dans le travail.