Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 162]

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502 TRANSMISSION ET DISTRIBUTION DES FORCES MOTRICES

usée pour le percement des galeries et tunnels et pour les transports à l'intérieur des mines, objets pour lesquels elle tirer est particulièrement appropriée. On songe même à en parti pour l'extraction dans les puits. Nous nous proposons d'étudier les principes qui devront en régir l'emploi lorsqu'il s'agira de s'en servir, non plus pour ces opérations spéciales, mais pour les besoins généraux de l'industrie. Nous attirerons d'abord l'attention sur un caractère qui est commun à ce mode de transmission et à celui par l'eau en charge : c'est que toutes deux impliquent une transformation transitoire de la puissance mécanique qu'il s'agit d'utiliser. Cette puissance mécanique, une chute d'eau par exemple, se traduit d'abord dans l'énergie actuelle (*) ou force vive du premier moteur. Tandis que les câbles transmettent cette force vive aux opérateurs définitifs sans en changer la nature, ici elle est transformée par un opé-

rateur intermédiaire (compresseur d'air ou pompe) en

énergie potentielle ou travail mécanique -disponible (tension qui est communiquée à l'air, hauteur réelle ou fictive à la-

quelle on élève de l'eau). Cette énergie est susceptible

d'être transmise à grande distance et sans déperdition notable par un intermédiaire (canalisation), qui a l'avantage de pouvoir franchir aisément les accidents du sol et se plier aux exigences des tracés. Arrivée à destination, un second moteur (actionné par l'air comprimé ou par l'eau sous pression) la reconvertit en énergie actuelle et la livre sous cette forme aux opérateurs définitifs. La petite déperdition qui a lieu dans la canalisation provient de ce qu'une porCl Dans cette terminologie introduite dans la mécanique par

AU MOYEN DE L'AIR COMPRIMÉ.

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don de l'énergie potentielle est transformée en énergie actuelle, pour une petite part sous la forme ordinaire de force vive (vitesse avec laquelle le fluide circule dans la canalisation), pour la plus grande part sous la forme spéciale de chaleur, laquelle se dissipe finalement dans le milieu ambiant.

Le rendement de ce genre de transmission est le produit de trois rendements partiels : celui de l'opérateur intermédiaire, celui de la canalisation et celui du second moteur. Celui du premier moteur est hors de cause. 2. La compression de l'air s'opère dans des machines à piston, que nous supposerons actionnées, au moyen d'une manivelle et d'une bielle, par un arbre auquel le premier moteur imprime un mouvement de rotation. Dans les machines soufflantes ordinaires, par exemple dans celles des hauts fourneaux, qui ne produisent pas des pressions absolues de plus de i atmosphère, la distribution, c'est-à-dire la mise en commucation de chaque face du piston, tantôt avec l'air extérieur, tantôt avec la capacité qui reçoit l'air comprimé, se fait, soit comme dans les pompes à eau, au moyen de soupapes obéissant d'elles-mêmes aux différences de pression, soit par un tiroir analogue à celui des machines à vapeur. Dans les compresseurs destinés à donner de plus fortes tensions, l'emploi des soupapes est exclusivement adopté. La condition essentielle qu'un compresseur doit remplir

est de maintenir la température de l'air autant que possible constante pendant la compression. Soit un certain poids d'air occupant à la température to et à la pression atmosphérique po un volume vo (C). Le tra-

M. Rankine, énergie signifie capacité pour accomplir du travail.

L'énergie potentielle est le produit d'une force par le chemin qu'elle est capable de faire parcourir à son point d'application. L'énergie actuelle ou énergie d'un corps en mouvement, est le travail résistant que ce corps est capable de surmonter en vertu de sa vitesse, jusqu'à ce que celle-ci soit annulée par la résistance.

(") Pour éviter toute confusion, y sera le volume d'une quantité d'air quelconque, [y] celui du kilogramme d'air, V le volume engendré par le piston dans un appareil (compresseur ou récepteur), enfin U le volume rapporté à la seconde de temps. Des indices caractériseront les circonstances dans lesquelles un volume quelconque sera envisagé.