Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 145]

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ENQUÊTE SUR L'ÉTAT

DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANGE.

sin de Champagnac, en particulier, dont tout le monde s'accorde à proclamer la richesse, ne peut absolument rien fournir tant que la ligne concédée de Clermont à Tulle ne sera pas en exploitation, On arrive donc à cette conclusion que, sans être, à beaucoup près, aussi favorisée que l'Angleterre et la Belgique, la France renferme encore des richesses houillères qui, défendues longtemps par leur position défavorable contre une exploitation active, ne donneront tous leurs résultat que quand le réseau des lignes ferrées secondaires aura été achevé. Consommation de la houille en France. Déficit de la producJusqu'ici nous ne nous sommes occupés que de la production. tion houillère de la France. Il convient maintenant de se rendre compte de sa consommation. Aussi loin que l'on puisse remonter, on trouve que la production française a toujours été sensiblement inférieure aux besoins de l'industrie nationale. Ainsi, en 1787, on estime que la France consommait 4 millions de quintaux, alors qu'elle en produisait à peine plus de 2 millions. En 1850, la production étant de 18.600.00o quintaux, la consommation était de 25 millions de quintaux. En 1860, pour 85 millions de quintaux produits, la France en consommait 145 millions. Enfin, en 1869, les chiffres correspondants à ces deux chapitres étaient respectivement de 155 millions de quintaux et de 214 millions de quintaux. En résumé, la production indigène ne parvenait jamais à fournir les deux tiers de la consommation totale du pays ; de 1855 à 1869, le rapport de ces deux éléments n'a jamais dépassé 63 p. wo sans descendre au-dessous de 56 p. 100. De là un déficit constant, compris entre le tiers elles cieux cinquièmes de la consommation totale, et qu'il faut combler à l'aide des importations étrangères. Il n'est pas sans intérêt de connaître la répartition, par nature d'emploi, des combustibles minéraux consommés en France. Si l'on consulte à cet égard les tableaux publiés par l'administration des mines, pour la période quinquennale de 1865 à 1869. on trouve des chiffres très-concordants, desquels il résulte que, la consommation totale annuelle étant représentée par 100, l'industrie des 5,82 p. 'ou mines, minières et carrières absorbe Les usines minéralurgiques, les manufactures

et les usines à gaz L'industrie des transports L'économie domestique

7'4:95

9,45 11,78 100,00


269 Ainsi les chemins de fer et les bateaux à vapeur consomment moins d'un dixième, l'économie domestique à peu près un neuvième, et les trois quarts sont absorbés par les usines. On peut constater que la métallurgie du fer exige, à elle seule, entre le tiers et la moitié de la consommation des usines, soit de 50 à 60 millions de quintaux par an. De plus, itt millions de quintaux sont aujourd'hui nécessaires à la fabrication du sucre de betterave; ce dernier élément tend à s'accroître chaque année. Il en est de même de la portion absorbée par l'industrie des transports. Ainsi, en 1872, la compagnie du Nord a consommé lo p. Loo de plus qu'en 1869 et l'accroissement correspondant, pour la compagnie de l'Ouest, a dépassé 20 p. 100. Il est vrai que le malaise qui pee aujourd'hui sur toutes les industries a momentanément arrêté cet essor : la consommation des chemins de fer, en '874, sera très-inférieure à celle des années précédentes. Quant à la marine à vapeur, ses besoins s'accroissent actuellement avec une grande rapidité. De 5,4.000 quintaux qu'elle consommait en i869, elle a passé, en 1871, à 1.159.000 quintaux. La consommation de la houille est très-inégalement répartie sur la surface de la France, ainsi que cela se conçoit aisément, cette consommation étant intimement liée au développement de l'industrie. et à celui de la population. Le département qui consomme le plus est celui du Nord ; il a exigé, à lui seul, 54 millions de quintaux en 1869 et 40 millions en 1872, soit 17 m/s p. 100 de la consommation totale de la France. Ensuite viennent la Seine (19 à 20 millions), la Loire (12 millions), le Pas-de-Calais (8 millions et demi), le Rhône .(8 millions), enfin la Seine-Inférieure (6 millions).

Bien que notre précédent rapport ait écarté du prograMme l'enquête la question de durée ou «épuisement des houillères françaises, il n'est pas interdit de se demander si la consommation de la houille en France est destinée à suivre longtemps la même progression, c'est-à-dire à doubler dans chaque période de treize ou

quatorze ans. A une période d'activité industrielle, peut-être excessive, s'accède'

en ce moment une crise de ralentissement et de chômage, qui sévit dans le monde entier ; il y aura une reprise, mais dans quelles proportions ? Est-il vrai que l'accroissement de la production industrielle doive marcher de pair avec un développement correspondant de la production agricole, sous peine de ne pas durer longtemps? Si la réponse est affirmative, comme la production agricole se développe beaucoup plus lentement, il faudrait tenir pour exceptionnel ce doublement de consommmation en quatorze ans,