Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 136]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

250

même année, une valeur de 187, supérieure, toutes proportions gardées, à celle du charbon. Le rapport de l'ingénieur en chef du Hainaut constate, d'ailleurs, qu'en 1872, c'est surtout sur les charbons gras, propres à la fabri-

cation du coke, que l'augmentation de production a été le plus sensible. Enfin, à Saint-Étienne, le coke destiné aux hauts fourneaux commence à hausser dès le deuxième semestre de 1872 et atteint, à la fin de 1873, le taux de 187, tandis que le charbon s'arrêtait à et que le coke de choix, d'un usage beaucoup plus restreint, destiné aux fonderies, n'atteignait que 157

En résumé, dans tous les bassins, c'est la hausse du coke qui caractérise la crise et la houille ne fait que suivre, en restant constamment en dessous, le mouvement provoqué par le combustible carbonisé. Ce résultat, d'une importance considérable et oui risquait de passer inaperçu, si la commission s'était bornée à l'enquête écrite (où le nom du coke n'avait pas été prononcé), ce ré-

sultat, disons-nous, pourrait, à la rigueur, dispenser d'aller plus loin dans l'examen des faits relatifs à la crise houillère. Mais, pour que la démonstration qui viendra ultérieurement en sa place ait plus de force, abstenons-nous encore de tirer des conséquences des faits qui viennent d'être signalés et poursuivons l'examen statistique de tout ce qui peut se rattacher directement à la crise. Lorsqu'une hausse se produit sur un objet de commerce, c'est qu'évidemment la demande est devenue supérieure à l'offre. Ce changement résulte-t-il d'une diminution dans la production ou d'une augmentation dans la consommation? Telle est la question qu'il faut, avant tout, résoudre.

Variations de la production houillère pendant la crise. La crise ayant commencé en Angleterre et s'y étant fait sentir plus fortement que partout ailleurs, c'est dans ce pays surtout qu'il convient d'étudier les faits relatifs à. la production du charbon. A cet égard, la tâche de la commission d'enquête est singulièrement facile ; il suffit, en effet, ds consulter le rapport de la commission nommée par le Parlement anglais pour étudier les causes de la hausse du charbon. il ressort de ce document que la production, en Angleterre, loin de décroître, n'a cessé de suivre une marche ascendante. Elle a été de 107 millions de tonnes en 1869, de 110 millions en 1870, de 117 millions en 1871 et de 1,23 millions en 1872, c'est-à-dire que l'augmentation moyenne de la production s'est maintenue, chaque année, entre 5 et 6 p. 100 du chiffre de l'année précédente.

251

DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANGE.

ENQUÊTE SUR L'ÉTAT

Cependant les différents districts houillers ont subi tour à tour l'influence des grèves ; mais, si l'on réfléchit que ces grèves ne se sont pas étendues partout et que, dans chaque district, elles ont

rarement duré plus d'une semaine, il paraîtra raisonnable d'admettre qu'elles ont tout au plus amené une diminution de i à 2 p. loo dans l'extraction possible, diminution tout à fait insuffisante pour expliquer l'énorme hausse du charbon. D'ailleurs, il est important de noter que la hausse du prix du combustible en Angleterre a précédé le mouvement gréviste. Si donc ce mouvement a pu exagérer les effets de la hausse, bien loin de l'avoir causée, il

lui doit, au contraire, sa première origine, les demandes des ouvriers ayant été déterminées par les nouveaux prix du charbon. Aussi, bien que par suite des grèves plusieurs exploitants anglais se soient trouvés dans l'impossibilité d'exécuter les marchés qu'ils

avaient consentis sur le continent et aient été conduits à venir acheter dans ce but du charbon dans le Nord et le Pas-de-Calais, on peut dire que ce sont là des faits isolés, des embarras particuliers, dont il ne faut pas exagérer l'importance ; et il reste acquis que la production des houillères anglaises a suivi, à peu de chose près, en 1871 et 1872, la progression normale des années précédentes.

Toutefois l'augmentation des salaires, d'une part, et, d'autre

part, la diminution bien constatée dans le travail utile de chaque ouvrier mineur, considéré indépendamment des machines qui en. accroissent la valeur, sont deux faits qu'il importe de ne pas perdre de vue. S'ils n'expliquent pas la crise, du moins ils annoncent, pour l'industrie charbonnière, une situation nouvelle, qu'on peut considérer comme définitivement acquise et qui empêchera peutêtre les prix du charbon de revenir aux taux où ils étaient avant la hausse.

Si la marche de l'extraction, en Angleterre, n'a subi aucune perturbation bien grave, en a-t-il été de même dans les autres pays? La Belgique, elle aussi, a eu à souffrir des grèves; mais l'exploita-

tion n'en a pas moins été extrêmement active. Elle a passé de 15.735.000 tonnes, en 1871, à 15.659.000 tonnes .en 1872, soit une augmentation de di p. 100 en une seule année. Quant à la France, les résultats fournis par les statistiques officielles ont, à cet égard, une signification que nul ne peut méconnaître. Ainsi, l'extraction annuelle, qui était de 13.200.000 tonnes

en 1869, a été, en 1871, de 13.400.000 tonnes et a atteint, en 1872, 15.900.000 tonnes. On voit donc que la production totale de

la France, qui, depuis 1860, avait augmenté en moyenne de 6,5 TOME VI, 18711.

17