Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 58]

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FABRICATION DU FER, DE L'ACIER PUDDLÉ 94 mais celle de fonte est très-considérable et atteint la presque totalité du déchet au four ordinaire. Cette différence tient à ce que les fontes dites fines, qui sont en général des fontes grises ou du spiegel, sont beaucoup plus riches en silicium

et en carbone que les fontes dites ordinaires, qui sont des fontes blanches de forge ; cette grande proportion de silicium et de carbone a pour effet de réduire une plus grande quantité du minerai de la sole; le fer provenant de ce minerai compense et même dépasse quelquefois les pertes produites par l'affinage de la fonte et augmente le rendement.

Il y a également une certaine économie sur la maind'oeuvre, mais elle est bien moins importante que l'économie de matières; elle varie de 2 à 5 francs par tonne pour les fontes fines ; elle n'atteint pas i franc pour les fontes ordinaires. Les fours ordinaires de Terrenoire exigent même une main-d'oeuvre moins élevée que le four Pernot;

le travail est très-rapide, mais cet avantage est compensé par une plus grande consommation de matières. Somme toute, on peut dire que l'emploi du four Pernot diminue de 25 à 3o francs le prix de revient de la tonne de fer fin et .de 7 à Io francs le prix de revient de la tonne de fer ordinaire.

Comparaison da four Permet et «Int four Banks. Le four Pernot ne peut être considéré comme résolvant le problème du puddlage mécanique ; il ne supprime pas le travail de l'ouvrier, il ne fait que le faciliter ; néanmoins tous ceux qui, à Saint-Chamond, ont été occupés à ce four n'hésitent pas à déclarer que son emploi diminue dans une certaine mesure les fatigues corporelles du puddleur ; comme

je l'ai dit plus haut, le seul travail qui soit réellement pénible consiste dans le retournement du fer et la formation des loupes.

Le four Banks, au contraire, supprime tout travail ; la rotation produit un brassage énergique, et lorsque le fer a

ET DE L'ACIER FONDU.

pris nature, celui-ci se rassemble en une grosse loupe qui roule sur elle-même dans la partie la plus basse de la sole ; à ce point de vue, le four Danks est bien supérieur au four Pernot.

Le garnissage de la sole du four Banks présente de

grandes difficultés. On comprend aisément qu'il soit difficile

de maintenir en place une matière portée à une haute température, que le mouvement de la fonte tend à désagréger constamment. et qui à chaque tour de l'appareil se trouve suspendue et simplement accrochée à l'ossature mé-

tallique du rotateur. Il n'en est pas ainsi au four Pernot, parce que la sole reste toujours dans une position voisine de la position horizontale ; tous les garnissages y résistent aussi bien que dans les fours ordinaires. La seule condition que doit remplir le minerai employé est d'être infusible et de ne pas être plus impur que celui qui a servi à faire la fonte traitée, afin qu'il n'introduise pas d'impuretés nouvelles dans le fer. On n'est pas tout à fait maître de la qualité obtenue au four Banks ; si toutes les parties de la charge ne sont pas également avancées au moment où la loupe se forme, il peut y avoir à l'intérieur de celle-ci des régions fonteuses, incomplètement affinées, emprisonnées dans la masse de fer, et soustraites- aux actions oxydantes de l'atmosphère du four et de la scorie ; les réchauffages que doit subir le fer avant le finissage ont bien pour effet de ramener une certaine homogénéité par suite d'un affinage interne qui peut se produire entre les molécules encore carburées et les parcelles de scories non expulsées ; mais si le carbone et le silicium peuvent ainsi se brûler et êtùe éliminés à l'état de gaz ou de scorie, il n'en est pas de même des autres impuretés moins oxydables telles que le soufre et le phosphore, et il est difficile d'arriver à une homogénéité parfaite. Au four Pernot, l'habileté de l'ouvrier peut suppléer aux irrégularités d'affinage s'il s'en produit ; au moment de la