Journal des Mines (1815, volume 37) [Image 81]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

148

SUR LIINCTIBAITION ARTIFICIELLE ,

tion artificielle, doit-on croire que les.procédés fussent .les mêmes autrefois qu'aujourd'hui ? C'est une question curieuse à plusieurs égards, et qui reste encore à résoudre. (c Les prêtres, dit-on, attachés trop opiniâtrément aux anciennes observations recueillies sur la,manière dont les oeufs d'autruches,. et de crocàdiles déposés dans le sable viennent à éclore, ne s'étaient pas même mis en peine de faire des recherches ultérieures (1). » On croit qu'ils s'étaient bornés à imaginer un pro-'

ceee analogue ; et il ,est généralement reçu

parini les personnes qui ont étudié les usages de l'ancienne Eg,ypte , qu'au lieu d'employer des'

J

fours échauffés par le ,feu, ils enterraient les ufs dans le fumier, dont la chaleur naturelle suffisait pour les faire éclore. Le fait ;s'il était vrai, serait fort singulier, car la vapeur du fumier 'est mortelle pour le germe des oeufs; et l'incubation opérée par ce moyen, loin d'être une invention plus simple, exige des précautions qu'il n'est pas naturel d'imaginer de prime-

EN E'GYPTE.

M. de Paul/y, qui a relevé avec beaucoup de justesse plusieurs fausses opinions sur les usages de l'ancienne Egypte , avoit cependant adopté celle-ci : ses raisons méritent d'être examinées ; on saura par-là à quoi s'en tenir sur cette question. cc Il y a lieu d'être surpris, dit ce critique (1),

» que les anciens prêtres de l'Egypte , qui

avaient ,d'ailleurs des connoissances assez » étendues sur une infinité de choses, aient manqué de sagacité en un point essentiel ils n'avaient pas découvert la méthode des fours, et ne paroissaient pas même en avoir soupçonné la possibilité, comme il est aisé » de le démontrer. » Aristote , le plus ancien auteur qui ait parlé de la manière de faire éclore les oeufs en Egypte , dit qu'on n'employait que la cha-

leur du fumier. Antigone, qui vivait plusieurs siècles après Aristote , dit la même chose. Pline, qui écrivait après Antigone, dit la même chose, et a traduit, mot pour

abord : on sait assez dans quelle multitude de tentatives cette singulière idée a entraîné Réaumur , qui s'était obstiné à vouloir faire éclore des poulets dans le fumier, à l'imitation des prêtres Egyptiens. Ce physicien si attentif et si. ingénieux a consacré un volume à décrire les expériences infructueuses qu'il a d'abord faites;

et. il n'a obtenu quelque succès, qu'après être parvenu à interdire très-exactement toute coin-

149

munication entre les oeufs et la vapeur qui s'exhale du fumier.

mot, les expressions d'Aristote. Enfin rem-

pereur Adrien, qui avait parcouru toute

l'Egypte »

, et examiné ses singularités avec attention, s'exprime en ces termes, dans sa lettre à Servien , en parlant des Egyptiens Ils finit éclore leurs poulets d'une manière

que j'aurais honte de vous conter [pudet

» clicere]. (1) M. de Pauw, , Recherches philosophiques sur les Egyptiens , tom. I", pag. 204,

(1) R.echerekes philosophiques sur les Egyptiens , pag. 202.

1(3

t. I"