Journal des Mines (1814, volume 36) [Image 109]

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SUR LES VASES MURILIIINS.

SUR LES VASES MURRHINS-

véritable ; ce devrait être une matière vitreuse dont la transparence était légèrement troublée, une esPèce offrant des couleurs diversifiées, disposées en bandes alternatives, parmi lesquelles dominaient le violet foncé ou plutôt le pourpre, le rose et le blanc ; et ces couleurs devaient se succéder, non pas d'une Manière nette et tranchée, mais par nuances adoucies, et qui se fondaient les unes avec les autres.

de Thèbes était déjà renommée par les. ouvrages

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Nous avons vu que les anciens donnaient effectivement au murrhin artificiel le nom de verre, .vitrum murrhinizez ; ils en classaient les divers ouvrages avec les ouvrages analogues fabriqués

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ên verre coloré qui sortaient de ses fabriques, et qui s'exportaient au loin. Dès les tems les plus reculés, c'était une bran che importante du commerce qui se faisait par la mer Rouge.

J'ai souvent trouvé dans les ruines des anciennes villes de la Thébaïde, parini les fragmens.de verre coloré dont elles abondent, quelques morceaux teints de diverses couleurs. Q nelL. ques-uns , offrant dans une de leurs parties de

belles nuancés de pourpre, étaient, le crois, des débris de ceuancien murrhin artificiel; et,

Vasa vitrea , atque murrhina in arbe Diospolielaborata.

si ma conjecture est fondée, ils Confirment ce que nous disent les écrivains anciens, que l'on n'imita jamais que d'une manière fort grossière celui qu'offrait la nature (1). On,conçoit très-bien, 'en effet, qu'une mafière 'vitrifiée ne: pouvait présenter ni l'éclat

Une transparence parfaite étant générale-. ment regardée comme une imperfection dans' les vases murrhins , ainsi que nous. Pavons

(u)Plusieurs 'ée;.iii3oit été publiés encore tout récemment sur la nature des vases murrhins et il s'est établi une sorte de controverse entre plusieurs archéologues dis-

en verre : témoin ce passage d'Arrien JIai?,i(Pice.G tia13iG

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montré par divers- passages de Pline et de Martial , 'on est fondé à croire que les:vases fabriqués en Egypte étaient exempts de ce défaut si; facile à éviter. On sait d'ailleurs que les Egyptiens ont excellé de tout tems dans l'art de colorer le verre

et dans la fabrication des émaux. Bien antérieurement aux époques où les vases murrhins.

commencèrent à être en -macre à Rome la ville (1) Arrian.Peripl. mads Erythra.ei, p. 4, apud Geogr. vet. script. Graec. minores, Oxanim , 1698.

tingués (*). Le chevalier Bossi soutient que ces vases étaient de verre, de verre artificiel, ou de verre volcanique. M. le sénateur

Lanjuinais , en combattant l'antiquaire italien, a soutenu qu'ils étaient formés d'une matière naturelle, d'une véritable pierre. On voit par-là quel était l'état de la queStion. D'après la distinction que nous avons établie entre les deux espèces de murrhins , on peut juger que les deux opinions pouvaient également être combattues et défendues par d'assez bonnes raisons : mais, comme il s'agissait sur-tout des vases

les plus estimés, l'antiquaire français était assurément plus près de la vérité. Nous pensons que les développemens où nous sommes entrés à cet égard, suffiront pour lever toutes les difficultés. (*) Magasin encyclopédique , juillet , année i8e8.,