Journal des Mines (1812, volume 31) [Image 228]

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SUR L'EMPLOI DES BOEUFS

sources d'une grande dépense à laquelle il faut ajouter celle, beaucoup plus considérable, qui résulte de la nourriture et du pansement de ces

animaux. Le foin qu'on leur donne n'est pas

ordinairement fort cher, mais l'avoine et le son coûtent beaucoup, lorsque le pays ne produit que peu de grain, et c'est le cas où se trouvent les parties du département de la Loire qui renferment les mines de houille. On estime communément que chaque cheval employé aux machines à molettes ou bien aux

transports de la houille , sur des charrettes,

coûte annuellement neuf cents francs ; résultat

conforme à celui indiqué par M. Héricart de Thury (Journal des Mines), pour les houillères de Litry. Toutes les exploitations qui donnent lieu une extraction considérable, ou qui se font à une grande profon deur ,seront bientôt pour vues de machines à vapeur de rotation , dont les avan-

tages sont, chaque jour, mieux sentis, et qui

presentent sans contredit le meilleur moyen de diminuer les dépenses d'extraction et d'épuisement dont j'ai parlé : mais un grand nombre de houillères, et principalement celles des environs de S.-Etienne , ne sont point assez riches ; leurs débouchés ne sont point assez assurés ni assez avantageux, pour que l'on puisse faire les frais de machines à vapeur, et c'est pour cette classe d'exploitations que j'ai cherché à reconnaître

si l'on ne pourrait pas substituer les boeufs

dont on se sert dans le pays pour les travaux de l'agriculture et les transports, aux chevaux employés , jusqu'ici, exclusivement à mouvoir les machines à molettes.

AU SERVICE DE MACHINES A MOLETTES. 439

Les avantages qui me frappèrent d'abord consistent dans la différence des dépenses an-

nuelles relatives à la nourriture des boeufs comparées à celles des chevaux, de la durée des premiers, et surtout de ce que, lorsqu'il

leur arrive quelqu'accident qui les empêche de marcher, le propriétaire peut les engraisser et s'en défaire sans perte..Je ne croyais pas toutefois pouvoir obtenir du boeuf autant de travail,

ou d'effet utile journalier, que du cheval, à cause de la lenteur ordinaire de sa marche. Malgré cet inconvénient, je ne doutais point qu'il ne restât encore beaucoup de motifs de

préférence pour les boeufs ; mais j'ai été singulièrement confirmé dans mon opinion par la lecture d'un Mémoire inséré dans le tome 43, page 210, des Annales des arts et manufactures. L'auteur affirme, après une longue

expérience, que pour les labourages et les transports sur des charettes , les boeufs sont

aussi profitables que les chevaux, qu'ils peuvent être attelés comme eux, qu'ils sont aussi dociles, et que leur emploi procure une grande économie. On ne lira pas sans intérêt ( clans le Mémoire cité) les détails dans lesquels il entre sur la nourriture des bêtes à cornes, et leurs divers avantages, etc. Pour bien juger de l'économie que l'on peut

obtenir en remplaçant les chevaux par des boeufs, il faut comparer ensemble les dépenses

et les effets produits par chacune de ces espèces d'animaux, et examiner ensuite quels sont les changemens qu'il convient de faire aux machines actuellement en usage pour les rendre propres à être mues par des boeufs, Ee4