Journal des Mines (1811, volume 30) [Image 71]

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ANALYSE' CHIMIQUE

du comte de Bournon pour les distinguer et reconnaître leur véritable nature. Ce minéralogiste distingué , trompé par l'aspect extérieur, prit d'abord la pâte des roches en question pour un .frldspath laminaire conzmun , d'une couleur verdâtre ; niais un caractère

particulier qui se présenta de lui - même à

M. Allal]. , engagea ce dernier à appeler plus particulièrement l'attention du comte de Bour-

non sur la structure de cette substance. Après un examen plus sérieux, M. de Bournon douva que quelques petits fragmens qu'il avait détachés se présentaient sous la forme de prismes rectangulaires terminés par des plans , dont les incidences sur les faces du prisme avaient lieu sous des angles de i.io d. et 70 d. , forme assez analogue à celle du minéral connu en Suède sous le nom de sahlite ( variété du pyroxène de Haüy). Il observa de plus que ce minéral était uni par voie de mélange à une autre substance, dont il détacha, non sans peine , des fragmens qui offrirent la forme d'un dodécaèdre rhomboïdal régulier. C'est cette forme que M. Allan avait indiquée

comme un caractère qui méritait d'être examiné avec soin. M. de Bournon , quelque tems auparavant, avait eu Occasion d'examiner un minéral de

Suède doué d'une structure lamelleuse

et'

d'une couleur verdâtre, qui lui avait présenté la même forme. Cette circonstance , jointe à

une espèce de similitude dans l'acpect extérieur qui l'avait frappé, lui fit conclure que notre

minéral était une variété de cette substance. La grande quantité de soude que M. le doc-

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DE LA SODALITE.

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teur Wollaston a- retirée de ce minéral , a fait donner le nom de natrolite de Suède.

Il y a peu de minéraux , toutefois, qui soient aussi différens dans l'ensemble des caractères extérieurs, que le sont la natrolite de Klaproth et la substance dont il s'agit ici.

La natrolite analysée par M. Klaproth se trouve à Roegan (i), sur les bords du lac de Constance, dans un porphyre schisteux ; elle y tapisse les parois de certaines veines et cavités sous la forme de mamelons. La texture

en est coMpacte , fibreuse et radiée; la couleur

est le jaune pâle passant au blanc dans quelques parties, avec des zones brunes. Jusqu'ici on ne l'avait point trouvée assez caractérisée pour en assigner les ,formes cristallines ; cepen-

dant M. de Bournon , depuis peu, a été assez

heureux pour s'en procurer sous forme de

cristaux grêles et aciculaires qui , grossis à la loupe , ont présenté distinctement des prismes rectangulaires terminés par des plans, qui pouvaient former avec les faces du. prisme des angles >de 6u et izo' degrés. Le mineral qui est l'objet de ce Mémoire, et la prétendue natrolite de Suède , n'ont aucun rapport avec cette dernière substance , 'nonobstant quelque ana-

logie qui peut avoir lieu dans les principes con stitu ans .

Je n'ai pu encore me procurer des renseignemens très-satisfaisans sur le minéral de Suède. (i) Le professeur Jameson l'a. aussi observée dans les roches trapéennes à couches , derrière Burntisland. (Note de

l'Auteur.)